Le chant mortel du soleil est la première parution d’un auteur français dans la catégorie roman de la collection Albin Michel Imaginaire (n’oublions pas Apophis qui officie dans la catégorie guide, et qui en tant que Dieu de chaos devrait craindre les protagonistes de ce roman, mais je m’avance un peu trop, reprenons). L’auteur, Frank Ferric n’est cependant pas un inconnu, il a été finaliste du Grand Prix de l’Imaginaire pour Trois oboles pour Charon.
Le chant mortel du soleil est le second livre de fantasy dans la collection d’Albin Michel Imaginaire après Mage de Bataille de Peter A.Flannery. Même si ces deux livres ont un côté épique indéniable, ils sont très différents. L’univers proposé par Franck Ferric est beaucoup moins dominé par le surnaturel, et là où Mage de bataille restait assez classique, la fantasy de l’auteur français est marquée par le sang, les combats, avec un petit goût de Conan le Barbare. Dans Le chant mortel du soleil, on ne trouve pas vraiment de créatures fantastiques, la magie existe mais semble peu présente. Dans l’univers, il y a surtout des dieux, enfin il y avait devrais-je dire. Ils ont en effet tous été exterminé sauf un par le peuple des Montagnards. Le chef de ce peuple, le Grand Qsar, se nomme Araatan. Il s’est fixé pour but d’éliminer tous les Dieux du monde en exterminant la croyance par le biais des prêtres. Une seule divinité lui a encore échappé, celle de la cité d’Ishroun mais ce n’est pas n’importe laquelle, c’est le Dieu de la Première flamme.
Le chant mortel du soleil est un one shot mais l’univers proposé et la densité du roman aurait largement pu le voir étendu sur un autre tome. La plume fluide et vibrante de l’auteur nous emporte très vite dans ce monde âpre et sanglant porté par ce peuple de barbares hors normes. Une fois pris dans le récit, j’y serai volontiers restée plus longtemps et j’ai refermé le livre avec une forme de tristesse à la pensée de ne plus être dans cet univers. Pourtant, c’est sombre, violent, sale, impitoyable mais terriblement bien écrit et raconté.
Autre point intéressant de ce roman, c’est que sous des impressions premières de violence et de barbarie, se cachent un aspect poétique et des questionnements indéniables. La thématique de la religion est bien entendu au centre du récit avec un peuple qui souhaite exterminer toutes croyances en des divinités supérieures. Mais, l’être humain peut il vraiment se passer des croyances divines? Comment serait un monde sans Dieux? Et ce thème en amène d’autres comme la mort, le sens de la vie, des croyances, la vie sans Dieux. On a ainsi des thématiques universelles mêlées à un récit dur et âpre qui ne prend pas de dentelle que ce soit dans les combats ou la vie quotidienne de ses personnages.
Les personnages du roman sont nombreux. On a d’un côté les montagnards, un peuple de barbares qui ne reculent devant rien et sont prêts à tout pour atteindre leur objectif d’aller sur la route de la Toute fin. Et d’un autre côté, le récit suit Kosum, seule personnage féminin du roman. Kosum est une esclave et dresseuse de chevaux, elle n’a rien d’extraordinaire, n’est ni belle, ni combattante, n’a pas de pouvoirs ensorcelants. Pourtant, c’est un personnage exceptionnel auquel on s’attache très vite. Sa route va croiser celle d’hommes au service du Grand Qsar et prendre une destination surprenante.
Franck Ferric nous offre un très beau roman bourré de qualités et de testostérone mais aussi de poésie et de réflexions. Le récit alterne des passages épiques et des moments plus calmes propres à l’introspection. Le chant mortel du soleil est un roman qui prend aux tripes, un roman dur, cruel, mais on se surprend à en redemander et à vouloir y rester plus longtemps.
Autres avis: Quoi de neuf sur ma pile?, l’ours inculte
Chronique réalisée dans le cadre d’un Service Presse (merci encore)
Auteur: Franck Ferric
Éditeur : Albin Michel
Parution: 27/03/2019
Il s’appelle Araatan, il est le Grand Qsar. On le surnomme la Montagne car il est haut comme deux hommes, large comme un auroch. Le destin de ce géant est de mener son peuple de cavaliers sur la route de la Toute Fin : achever l’extermination totale des dieux. Une seule divinité a survécu à leur déicide : celle de la cité d’Ishroun. Pour abattre les murailles d’Ishroun et éteindre le culte de la Première Flamme, Araatan se donne un an.
Elle s’appelle Kosum. Née esclave, elle était la meilleure dresseuse de chevaux des plaines. Pour avoir tenté de castrer le fils de son maître, elles a été enchaînée nue à une tour pleine de morts. Alors qu’elle attend résignée le baiser mortel du gel, quatre cavaliers la délivrent. Ces hommes durs retournent auprès du Grand Qsar. Kosum, qui croyait mettre un pied dans la guerre, va entamer un tout autre voyage.
Bon ben il va me le falloir celui- ci ! 🙂 et dire que j’ai La loi du désert dans ma PAL depuis un moment déjà ! C’est le moment de m’y mettre 😛
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En effet 😉 bonne lecture alors.
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Me voilà bien ennuyé : d’un côté, je devrais te faire accéder à de hautes fonctions au sein de l’Apophisme parce que tu es la seule à ne pas oublier le fait que le premier auteur français publié par AMI, c’est moi (certes pas dans la catégorie romans, mais n’ergotons pas) ; d’un autre côté, ton peu de foi dans la capacité de ton dieu à exploser d’un vague mouvement de la main trois apprentis-déicides pouilleux me consterne.
Plus sérieusement, c’est une de mes prochaines lectures, et je suis ravi de voir que le roman est intéressant. Parce que j’ai vu passer des choses à son sujet (un langage très médiévalisant, par exemple) qui me font douter de sa capacité à me séduire pleinement. Merci pour cette excellente critique, donc !
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C’est qu’ils sont costauds les barbares c’est pour ça 😉
Pour le langage, il y a quelques termes spéciaux c’est vrai mais ils s’intègrent bien dans le récit et le style de l’auteur est vraiment très bon.
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J’avais lu Les Tangences Divines de cet auteur. Ça date un peu, mais j’avais bien aimé. Les thématiques étaient assez proches, avec des dieux déchus qui ont besoin de la foi des Hommes pour survivre, mais l’humanité ne pratiquant plus guère les vieilles croyances, elle se tourne inconsciemment vers de nouvelles divinités comme celle de l’argent (comme quoi en fait, on vénère toujours quelque chose ^^). Bref, ce nouveau roman de Franck Ferric me tente bien. 🙂
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Les thèmes dont tu parles me font penser à American Gods de Neil Gaiman également. Tu devrais apprécier celui-ci 🙂
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Super chronique ! 🙂
Et c’est vrai que le style de l’auteur est vraiment bien foutu.
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Oui j’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur qui convient bien avec le monde proposé.
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Je suis un peu moins enthousiaste à cause du style qui me rebute parfois un peu mais cela reste un roman très intéressant.
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Il me tarde de lire ta chronique en tout cas.
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Entre toi et le nounours je suis donc condamnée à craquer sur ce roman. Je vous fais confiance sur l’investissement 🙂 (sont pas donnés les romans chez AMI quand même.)
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Bonne lecture alors 😉 je pense que tu devrais apprécier.
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Ah ça, avec Xapur qui s’y met en plus…
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Tu es prise au piège 😉
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Dionysos est en pleine lecture et je devrais enchaîner rapidement, ça fait envie ! 🙂
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Dis lui qu’il se dépêche un peu alors 😉
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C’est surtout moi en fait, je me suis lancée dans le premier tome des Poudremages ^^ IL faut que j’enchaîne directement avec celui-là après 😉
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Quel planning!
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Je confirme que ce n’est pas ma came mais j’espère que le roman trouvera un large public
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Dommage mais j’espère aussi, il le vaut bien.
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Ah ça à l’air d’être un bébé pour moi ça :-O merci pour cette chronique !
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Bonne lecture alors 😉
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[…] Ma chronique : Dans un monde imaginaire qui m’a souvent évoqué les Mongols de Gengis Khan, le tyran Araatan, qui a soumis les peuples voisins, veut poursuivre l’objectif de son clan : tuer les dieux. Il n’en reste qu’un seul, « la Première Flamme », protégée dans la ville ancestrale d’Ishroun. En chemin, Araatan emprisonne un mystérieux sorcier masqué, qui prétend vivre depuis des centaines de générations. Pendant ce temps Kosum, esclave issue d’un peuple ostracisé par les religions, est condamnée pour s’être défendue contre le fils de son maître. Mais un guerrier d’Araatan, de la même ethnie qu’elle, va la délivrer.S’en suit deux arcs narratifs, celui d’Araatan et de ses conseillers les plus proches, chefs combattants endurcis voire anciens rois, et celui de Kosum accompagnée de quelques guerriers, contraints d’entamer une quête vers le berceau d’un dieu.Vous l’aurez compris, l’un des thèmes majeurs de ce roman est la religion, ou plutôt la vision qu’ont les hommes des divinités, ainsi que l’impact des croyances sur les sociétés, ici proche des tribus des steppes des temps anciens. L’auteur développe une thèse selon laquelle les hommes s’enferment dans les religions, même s’il n’élude pas la capacité d’espérance et de moteur que peuvent avoir les croyances sur les hommes. Pour complètement analyser son point de vue sur le sujet, il faudrait évoquer la conclusion du roman, mais ce serait du divulgâchage.Les relations entre les différents peuples sont dans ce roman complexes et réalistes, entre pouvoirs des plus forts, alliances et méfiances, ou discriminations fondées sur des dogmes religieux (là encore). Dans ce contexte, il est presque étonnant de voir un des peuples animés du désir de « tuer les dieux », comme si c’était son destin.L’univers de ce roman est âpre, dangereux, impitoyable, fait de sang et de sueur — beaucoup de sang et beaucoup de sueur — et le lecteur suit l’épopée des guerriers d’Araatan. En parallèle, la mission de Kosum et ses compagnons, où les mauvaises rencontres avec des clans hostiles ne manquent pas, nous permet de découvrir un autre aspect de ce monde : les anciennes contrées devenues des déserts inhospitaliers, où avaient vécu des civilisations disparues avec leurs dieux.Nous ne sommes pas dans une Fantasy épique habituelle, malgré les nombreux combats : non seulement le surnaturel est peu présent et les hommes ne peuvent compter que sur leurs propres ressources pour survivre, mais aussi l’auteur prend — beaucoup — son temps pour exposer la vie et les pensées de ses personnages, dans une prose très travaillée, presque trop. Et c’est là ma seule vraie critique de ce roman : certes, le vocabulaire est riche et les descriptions très fouillées. Mais parfois, on croise un terme inusité sous prétexte de « médiévalisation », ce qui freine le lecteur, et certaines tournures de phrases sont tellement inhabituelles qu’elles nuisent à la fluidité du paragraphe. À mon humble avis, chercher à aller trop loin dans la recherche du beau texte est un piège.Il n’en reste pas moins que c’est un roman dense, grâce à un univers approfondi et sombre, une thématique forte, et quelques personnages marquants.Je serai très curieuse de lire les prochains romans de l’auteur.Autres chroniques dans la blogosphère : Gromovar, Xapur, l’Ours critique, le chroniqueur, Just A Word, Dionysos, Lorhkan, CélineDanaë, […]
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