SOS Terre et Mer-Anthologie humanitaire de l’imaginaire

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SOS Terre et Mer est issu d’un projet de financement participatif via Ulule. Le livre est une anthologie de nouvelles en faveur des réfugiés et autres exilés de la Terre. Le projet émane de Mérédith Debaque, assistant éditeur chez Les Moutons électriques. Il a voulu apporter son soutien à l’ONG SOS méditerranée et a pour cela offert son savoir-faire pour éditer cette anthologie. Le recueil contient 14 nouvelles et 14 illustrations et 33 personnes (auteurs, illustrateurs et éditeurs) ont travaillé bénévolement à ce beau projet. Une fois les frais de port et de fabrication enlevés, le financement obtenu a été entièrement reversé à l’ONG SOS Méditerranée. L’éditeur associatif Flatland qui s’est chargé de l’inscription ISBN a décidé de pérenniser le recueil en continuant de publier le livre dans sa version semi-poche en gardant le versement des bénéfices en intégralité à l’association. Le livre est également disponible en tirage de tête sur le site des Moutons électriques.

Les nouvelles du recueil ont pour thème l’exil et le départ forcé au travers des différents registres de l’imaginaire. Les causes qui ont mené les différents protagonistes des récits sont variées tout comme les mondes dans lesquels ils se situent. Parmi les textes proposés, on retrouve tous les genres de l’imaginaire pour mettre en valeur la diversité de ce genre et également la diversité des peuples. Le recueil apporte également un autre regard sur les situations d’exil et tout ce qui y est lié comme la guerre. Les auteurs utilisent la projection dans l’avenir ou dans des réalités parallèle pour se questionner sur cette thématique douloureuse et terriblement actuelle. Chaque texte propose une approche différente de l’exil tout en gardant une connotation avec l’imaginaire.

Un petit mot sur le titre du recueil avant de parler plus en détail des nouvelles: il rappelle l’association soutenue par le projet mais est également un hommage à Ursula Le Guin via son cycle Terremer. Les écrits d’Ursula Le Guin ont été marqués par ses convictions humanistes et c’est un bel hommage.

Dans Ils périront sur les plaines de Mimante, Jean-Philippe Jaworski offre un très beau texte de fantasy épique à l’atmosphère antique et parle des conséquences de la guerre. Nathalie Dau situe sa nouvelle, Bec, dans l’univers de sa série Le livre de l’énigme, même s’il n’est pas important de le connaitre pour apprécier le texte. La nouvelle parle d’un esclave marne retrouvant son peuple et désirant se faire accepter. Des thèmes chers à l’autrice figure dans ce texte comme la tolérance et l’acceptation.

Robert Darvel apporte un peu d’humour dans sa nouvelle Firmin le lapin en parlant d’exil chez les lapins dans le but de dénoncer l’indifférence. Stefan Platteau offre un très beau texte, Énéide des faés, où il mêle la magie à notre monde. Les hommes et les femmes ainsi que les esprit et la magie choisissent de fuir l’Afrique et sont confrontés au rejet et à la peur en arrivant en Europe. Autre texte très touchant, Le peintre de Guillaume Parodi, parle des exilés forcés de retourner dans un pays qu’ils ne connaissent pas au travers du regard d’un peintre doué d’un étrange talent. Nelly Chadour évoque différentes sortes d’exil dans L’oie sauvage où un vieil homme sans domicile fixe croise la route de migrants en fuite. Des peintures étranges et un chat vont jouer un rôle important dans ce texte à la fois drôle et émouvant.

Julien Heylbroeck choisit le space opera dans Les Xhyles pour aborder l’exil et la peur de l’autre venant de la méconnaissance. Dans Le refuge de l’autre, Dominique Warfa choisit aussi la science-fiction avec une réfugiée nommée Silhouette qui vient d’un monde très lointain, bien au-delà des étoiles. Ketty Steward utilise le registre de la dystopie avec sa nouvelle Le filet du pêcheur. Elle parle d’un monde ont toutes été fermées. Le récit est très efficace et incisif. Le texte le plus réussi de ce recueil est pour moi La porte des éléphants de Bruno Pochesci. La nouvelle parle d’une famille meurtrie qui a du fuire l’Afrique puis une Italie fasciste, le tout sous fond de disparition des éléphants. Le texte offre une pointe de surnaturel, beaucoup d’émotions tout en évoquant le métissage et les croyances anciennes.

Ce recueil offre ainsi de très beaux moments au travers de l’imaginaire utilisé pour parler de thèmes difficiles et d’actualité. Chaque nouvelle possède sa propre illustration. La fiction aide à mieux comprendre ce qui se passe dans notre monde et tout cela au profit d’une bonne cause. Bravo à tous les participants pour cette entreprise qui fait sens.

Autres avis:

sosterreetmerÉditeur : Flatland

Parution: 01/11/2018

SOS Terre et Mer rassemble 15 nouvelles et 15 illustrations. Chaque nouvelle évoquera l’exil et le départ forcé. Les raisons de ces tragédies seront multiples comme les univers : vaisseau-arche perdu dans l’espace, cité dystopique, retour à la magie de sa forêt natale, alien errant sur une Terre hostile… Toutes les couleurs de l’imaginaire seront représentées, nos couleurs et notre diversité pour soutenir les leurs.

Table des matières

Bec, par Nathalie Dau, illustration d’Amandine Labarre
Le Roi en espadrilles, par Brice Tarvel, illustration d’Hélène Larbaigt
Ils périront sur les plaines de Mimante, par Jean-Philippe Jaworski, illustration de Melchior Ascaride
La Fête à Neuneu, par Dominique Douay, illustration de Caza
Firmin le lapin, par Robert Darvel, illustration de Fred Grivaud
Les Xhyles, par Julien Heylbroeck, illustration de Arnaud S. Maniak
Énéide des faés, par Stefan Platteau, illustration de Joseph Vernot
Le Peintre, par Guillaume Parodi, illustration de Willozz
Quantique des souffrances, par Nicolas Le Breton, illustration de Jeam Tag
L’Oie sauvage, par Nelly Chadour, illustration de Tanxxx
Le Refuge de l’autre, par Dominique Warfa, illustration de Christine Luce
La Porte des éléphants, par Bruno Pochesci, illustration de Cassandre de Delphes
Le Filet du pêcheur, par Ketty Steward, illustration de Cindy Canévet
Les Gardiens de phare ont disparu, par Christine Luce, illustration de Émile Fitz

13 commentaires

  1. Le projet est à saluer. Mais je ne suis pas preneur, pas assez SF à mon goût !
    Je note le texte de Bruno Pochesci, je viens de lire sa nouvelle Orwell m’a tu chez 1115 Editions et c’est une nouvelle qui marque les esprits.

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