Interférences -Yoss

interférences

Interférences est un recueil de nouvelles, à l’origine indépendantes (la troisième étant écrite en premier), mais maintenant remaniées pour former un tout.  L’ensemble forme ainsi ce qui est appelé un roman novelliste et est traduit par Sylvie Miller qui signe également la préface. On trouve ainsi dans les nouvelles des mentions ou allusions aux autres récits, le cadre étant le même d’un texte à l’autre.

Yoss est un auteur cubain et même si aucun nom de pays n’est cité dans une nouvelle, on reconnait tout à fait Cuba et les USA dans les nations décrites. En effet, les nouvelles prennent pour cadre deux pays voisins, un grand riche, et un petit dirigé par un affable dictateur. La tonalité des nouvelles est légère et humoristique, surtout ironique. Chaque pays en prend pour son grade, selon ses travers. Cela se veut critique mais en gardant de l’humour. Les récits sont ancrés dans notre quotidien et notre monde mais font vraiment partie du registre de la science-fiction même si c’est peu marqué, et fait que le livre peut sans problème être lu par quelqu’un n’aimant pas spécialement la science-fiction.

La première nouvelle s’appelle Les Interférences. C’est la plus longue des 3 et celle que je trouve le plus réussie. On fait connaissance avec la famille Pérez, famille typique du petit pays dont le fils ainé est parti vivre dans le grand pays. Suite à une panne du téléviseur, le père utilise la « méthode cinétique » pour la réparer (en gros, il tape dessus pour la faire marcher). Cela semble fonctionner sauf que le téléviseur diffuse maintenant d’étranges programmes qui semblent tout droit provenir du futur. Bien entendu, cela finit par se savoir et arrive aux oreilles des services secrets et du chef éclairé du petit pays qui y voit tout de suite l’avantage à en tirer. Le texte s’interroge ainsi sur les conséquences que peut avoir le fait de connaitre l’avenir au niveau mondial. La peinture des habitants des différents pays est caricaturale et très drôle, le récit très agréable à lire.

Le second récit, Les pièces, commence un peu de la même manière que le premier mais cette fois dans le grand pays. Une sorte d’épidémie transforme certains habitants en objets qui semblent être des parties de vaisseau spatial. L’épidémie se propage et le petit pays en est à son tour victime. C’est la panique générale. La tonalité du récit est la même que pour Les Interférences. Le thème est un peu moins intéressant que dans la première nouvelle mais il est bien traité, et le texte toujours d’une lecture très plaisante.

Les cheminées vient conclure les aventures des deux pays qui vont s’interroger sur qui a la plus grande? Je parle de cheminée bien sûr (voyons!). Chaque pays veut avoir la plus haute cheminée et se moque des conséquences que cela peut avoir. Le récit fonctionne bien et on y retrouve le même humour que dans les précédents, teinté de parodie et d’absurde.

Le livre offre des bonus à la fin avec une interview de l’auteur qui explique la genèse du livre ainsi que la situation des auteurs de science-fiction dans son pays. Deux nouvelles sont également présentes: Ils étaient venus et Seppuku. Elles sont moins intéressantes que les 3  récits précédents.

Ce petit recueil est donc une lecture tout à fait recommandable et agréable. L’auteur y déploie subtilement un humour et une tonalité ironique pour parler de la situation de son pays et de son grand voisin. Chaque système politique y est critiqué mais toujours avec humour et légèreté. Il faut aussi noter la parfaite traduction de Sylvie Miller. À lire pour découvrir une science-fiction qui sort des sentiers battus.

Autres avis: BlackWolf, Xapur, Lhisbei

cofAuteur: Yoss

Traductrice: Sylvie Miller

Éditeur : Rivière Blanche
Mnémos
Parution:07/05/2014

Deux voisins bien différents : un grand pays, un petit pays. L’un est démocratique et développé. L’autre est gouverné par un Dictateur affable…

Trois événements incongrus viennent bousculer les relations déjà tendues de ces deux voisins-ennemis : une curieuse interférence perturbant les émissions télévisées, un rayon étrange aux effets inattendus, et des cheminées s’élevant rageusement vers les cieux.

Le propos, jamais ouvertement politique, dessine un portrait au vitriol de la société cubaine. C’est truculent, hilarant, divertissant. Entre ce petit pays et son grand voisin, tout est prétexte à des interférences !

 

Cette chronique fait partie du : Le challenge abc litterature de l’imaginaire 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

25 commentaires

  1. Je n’avais jamais lu les termes « roman novelliste » – équivalent de fix-up j’imagine ? – c’est une invention ou ça a une base ? ^^
    Heureux hasard, je suis en plein dans « Planète à louer » en ce moment. Et vu la qualité, je n’ai aucun doute que je lirai « Interférences » si j’en ai l’occasion. ^^

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