Mage de bataille-Peter A.Flannery

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Ce livre me laisse un sentiment mitigé : à la fois j’ai pris un sacré plaisir à le lire, et en même temps j’ai lu un livre apportant peu de nouveauté au genre. Il ne fait nul doute que ce livre est bon, et je pense en sortira encore meilleur avec le tome suivant que j’attends avec impatience.

Pour commencer, l’histoire générale est assez classique : un jeune homme, vivant dans un cité secondaire du monde connu, se découvre des capacités hors du commun et part faire éclore tout son talent dans une école militaire. Le tout sur fond de fléau s’abattant sur le monde : la propagation de l’armée des Réprouvés,  que l’on ne sait pas vraiment arrêter. On se retrouve avec de nombreuses situations vues ou archies-vues – tournoi, duel, arrivée inespérée de renforts, éducation martiale, mais aussi suffisamment de nouveautés pour que l’on veuille en savoir plus.

Les personnages sont attachants et crédibles. Falco, le héros central, évolue d’une situation de soufre-douleur cultivé à celui de surpuissant-en-devenir-mais-qui-ne-maîtrise-pas-tout-son-pouvoir. Il est intéressant, pas caricatural, et évolue très nettement tout au long du roman. Il a un historique lourd, puisque son père semble avoir provoqué la mort de nombreuses personnes après être devenu fou, histoire qui le poursuit au début de sa vie mais aussi durant tout son apprentissage à l’école. Seul son pouvoir et ses efforts lui permettent d’obtenir le respect des autres. Son ami d’enfance, Malaki, qui l’accompagne partout, lui sert de protecteur et devient un guerrier aguerri. Il évolue moins que son comparse, et se met un peu en retrait dans le dernier tiers du roman. Les autres « post-ado » sont aussi bien crédibles, et suffisamment décrits pour qu’on retiennent bien leur spécificités. Les adultes sont aussi très présents dans ce récit plutôt initiatique, même s’ils sont un peu plus caricaturaux. On arrive quand même à avoir de bonnes surprises, même si le sens général de l’histoire est assez linéaire. J’ai adoré le personnage de l’émissaire, qui me rappelle les meilleurs héros Gemmeliens. Les dialogues entre les personnages sont clairs, mais ce n’est pas ce que je retiens de marquant dans le livre. À nouveau, ce n’est pas très original, on peut même s’amuser à trouver des paraphrases de Gandalf, ce qui est à mon avis autant de clins d’œils à Tolkien.

L’adversité pour les héros se situe à la fois à proximité – le Nemesis de Falco le suivant partout jusqu’à l’académie de guerre- mais cet aspect s’efface devant une double menace : celle bien entendu des Réprouvés, et celle en filigrane d’un possible coup d’état par l’une des factions au pouvoir. On apprend au cours du roman l’origine et la dangerosité de l’armée des Réprouvés, et à vrai dire la menace qui pèse sur les royaumes est terrible. Ce que l’on apprend sur les démons fait froid dans le dos, et à vrai dire on a peu envie qu’ils se propagent plus. Comme d’habitude dans ce genre de géopolitique en fantasy, les royaumes les plus éloignés ne croient pas à grand chose et n’envoient pas de troupes protéger les autres royaumes (Allô? Georges R.R. m’entends-tu ?). Le roman se concentre sur la politique d’un royaume, la Clémonce, avec de temps en temps quelques nouvelles concernant les autres contrées, et surtout celles où la guerre a lieu.

Le gros point fort est la cohérence de l’ensemble, le rythme général, même s’il retombe un petit peu lorsque les jeunes arrivent à la capitale du royaume pour y être formés. La fuite éperdue initiale fait ainsi place à la formation des jeunes adultes, et à la découverte de talents et leur perfectionnement. À des phases tranquilles succèdent des plans d’une rare intensité et d’un réalisme à couper le souffle. La qualité du livre tient en effet à ces seuls 4 ou 5 épisodes dramatiques. Parmi elles, la première scène avec un dragon est tout bonnement incroyable, on y (re)découvre ces créatures très connues sous un nouveau jour. Tout ce qui gravite autour des dragons dans le roman intrigue et se démarque de ce que l’on en connait. L’auteur a réussi à innover au niveau de leurs caractéristiques et de leur personnalité, et chaque apparition d’un dragon constitue une scène presque irréelle, chose que j’avais rarement ressenti en lisant un livre.

Enfin, dernier élément et pas des moindres : la magie. Très peu de mages de bataille existent dans ce monde, et ils maîtrisent un pouvoir énorme, capables à un seul homme de détruire une armée. Les scènes de combat du livre correspondent à l’on nommerait « gros-billesques niveau 50 » dans le monde du jeu de rôle, ça ne rigole pas un seul instant et la magie surpasse de loin toute forme de combat physique. Et heureusement, quand on voit ce qu’il y a à latter en face… Une magie qui semble moins puissante, celle des thaumaturges, coexiste. Ceux-ci partagent quelques pouvoirs avec les mages de guerre, à un niveau très inférieur.

En écrivant cette chronique, je me rends compte que je trouve à ce roman de très nombreuses qualités, alors que j’étais parti pour écrire quelque chose de plus tranché à la base, sur le mode « ça peut pas être si bien que cela » ! Ce livre constitue une redécouverte magnifique de la fantasy, apportant une toile de fond très classique, mais greffant dessus des personnages non seulement attachants, mais traitant surtout les moments forts avec une précision et un réalisme visuel que j’ai adoré. Une véritable lecture plaisir, s’adressant aussi bien aux nouveaux lecteurs de l’imaginaire, qu’aux vieux briscards comme moi, pas blasés, mais découvrant un souffle nouveau de la fantasy avec ce roman. Vivement la conclusion de cette histoire !

Autres avis: Albedo, Apophis, Lorhkan, Xapur, les chroniques du chroniqueur, Phooka, Elbakin

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Auteur : Peter A. Flannery

Éditeur : Albin Michel Imaginaire

Parution :26/09/2018

Falco Danté est un gringalet dans un monde en guerre peu à peu conquis par l’armée infernale des Possédés. Pire, Falco est méprisé, mis à l écart, à cause de son père qui fut un immense mage de bataille avant de sombrer dans une folie meurtrière. Alors que la Reine tente de rassembler toutes les forces armées pour repousser les Possédés, Falco prend une décision qui va l’amener aux marges du désespoir : il va entrer à l’académie de la guerre, une école d excellence pour les officiers. Là, il devra surmonter ses doutes, ceux de ses amis et même ceux de la Reine. Le monde brûle ; seul un mage de bataille pourra sauver ce qu’il en reste. Falco réussira-t-il à libérer son pouvoir, à invoquer un dragon à sa mesure ou succombera-t-il à la folie… comme son père ? Porté par son héros meurtri, condamné à se dépasser face au mal absolu, Mage de bataille a rencontré un formidable succès dans les pays anglo-saxons.

 

 

27 commentaires

  1. Ah! en voilà de la belle chronique!
    Finalement, ce roman classique dans de nombreux aspects possède un petit quelque chose qui nous le rend fort sympathique.
    J’ai hâte de lire la suite, comme toi. Et oui, il y a du lourd à latter en face! Rassure-moi, tu ne fais pas partie de la bande ?… ce serait dommage qu’il arrive quelque chose à mon Troll.

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    • Aucun souci pour le partage, c’est fait pour ça. J’étais que moyennement content de cette image, faite à la va-vite le soir, avec des pièces de 4 jeux différents. J’essaierai de trouver une meilleure composition pour la chronique à venir de ma chérie.

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  2. Halala, que je suis lent 😉 il faut que je me dépêche de le finir, j’arrive sur la fin.
    Sinon même ressenti que toi : bon moment de lecture mais qu’en garder ? la 2e partie est d’ailleurs davantage cousue de fils blancs que la première.

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    • Nous on n’a pas trop attendu 😉 Lorsqu’en pleine période de vendanges, au cours desquelles j’ai rarement du temps pour faire autre chose que manger et dormir en dehors du boulot, je me colle un bouquin de 500 pages en une semaine c’est que ça me plait et tient en haleine comme il faut !

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