Les Attracteurs de Rose Street-Lucius SHEPARD

attracteurs

J’ai profité de l’offre exceptionnelle proposée par Le Bélial pour me procurer leurs deux dernières parutions dans l’excellente collection une heure lumière. Les attracteurs de Rose Street est une novella inédite de Lucius Sheppard et aussi le quinzième titre de la collection. La couverture d’Aurélien Police met bien en valeur cette novella de 130 pages.

Ambiance victorienne et roman gothique

Le roman se situe à Londres dans la seconde moitié du XIXe siècle mais dans un Londres sombre, et enfumé, étouffant sous le smog, rongé par les émanations industrielles. Le récit baigne ainsi dans une ambiance victorienne qui sert de toile de fond à l’histoire. Le personnage principal de l’histoire est Samuel Prothero, jeune aliéniste fréquentant la bourgeoisie londonienne. Il est engagé par Jeffrey Richmond, inventeur et personnage assez étrange, pour l’aider à résoudre un mystère concernant la sœur de Richmond. Ce dernier habite dans le quartier sordide de Saint-Nichol dans une grande demeure qui se révèle être un ancien bordel ayant appartenu à la défunte sœur de Richmond.

L’intrigue du roman va alors se mettre en place dans un univers sombre à l’atmosphère très travaillée. L’auteur a pris le temps de détailler le monde dans lequel ses personnages évoluent, de créer une ambiance lourde, pesante, propre à susciter l’inquiétude, renforcée par la sensation de huis-clos du décor très présent de la demeure, du quartier malfamé et d’une ville polluée, prise en étau dans la saleté. Les descriptions du décor sont très évocatrices et contribuent à cette atmosphère presque étouffante. Les personnages correspondent aussi à ce qu’on pourrait s’attendre à trouver dans les récits se déroulant à cette époque: un inventeur, un aliéniste, des bourgeois. Ils sont tous travaillés et intéressants.

 Surnaturel et science

Le caractère particulier de cette novella est de mélanger le fantastique et la science. Les fantômes se retrouvaient souvent dans les textes du XIX ème siècle, mais là où Lucius Shepard se démarque, c’est en donnant à leur apparition une explication liée à la science. En effet, Richmond a créé une machine destinée à épurer l’air de Londres de la pollution, mais sa machine a un effet inattendu puisqu’elle fait revenir vers le réel ce qui ressemble au fantôme de sa sœur. On pense ainsi à Frankenstein de Mary Shelley où l’invention dépasse le créateur.

Cependant, le fantôme de sa sœur n’est pas le seul à être attirés. De plus, le fantôme de Christine se manifeste à d’autres endroits de la maison et pas seulement grâce à la machine, ce que l’on retrouvait dans les textes fantastiques. Ce mélange de fantastique et de science fonctionne très bien et renforce le côté angoissant et sombre du récit. Lucius Shepard tire parti de l’époque du récit pour évoquer également le statut des femmes à cette période, femmes objet destinées à se marier ou objets de désirs, et rien d’autre.

Les attracteurs de Rose Street offre un récit solide, à l’ambiance très travaillée, aux personnages soignés et à une intrigue intéressante. Le tout porté par la plume de Lucius Shepard très agréable à lire, et qui nous tient en haleine jusqu’à la révélation finale. À nouveau, un très bon texte pour cette collection Une heure lumière!

Autres avis: Aelinel, Lutin 82, just a wordBlackWolfFeydRautha Gromovar, Dionysos

cof

Auteur: Lucius SHEPARD

Traducteur: Jean-Daniel BRÈQUE

Parution : 30 août 2018

Éditeur: Le Bélial

Londres, fin du XIXe siècle. Une métropole enfumée, étouffant sous le smog et les remugles de l’industrialisation en pleine explosion… Samuel Prothero est aliéniste. L’un des meilleurs de sa profession. Membre du sélect Club des Inventeurs, jeune homme respecté, son avenir est tout tracé dans cette société victorienne corsetée. Jusqu’à ce que Jeffrey Richmond, inventeur de génie mais personnage sulfureux, sollicite son expertise sur le plus étrange des cas. Troublante mission, en vérité, pour laquelle le jeune Prothero devra se résoudre à embrasser tout entier l’autre côté du miroir, les bas-fonds de la ville-monde impériale et ceux, bien plus effrayants encore, de l’âme humaine…

Cette chronique fait partie du challenge Challenge Summer Short Stories of SFFF – saison4

S4F3 saison 4

39 commentaires

Laisser un commentaire