Mémoires d’un détective à vapeur -Viat et Olav Koulikov

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Ce roman fait partie des Saisons de l’étrange, projet porté par Les Moutons électriques. Le projet date de 2018 et est codirigé par Melchior Ascaride, Vivian Amalric et Arthur Plissecamps. Les romans de ce label sont des romans courts d’aventures policières et fantastiques. Chaque roman se lit indépendamment, se veut dans l’esprit des comics et accessible à tous les lectorats. Mémoires d’un détective à vapeur se présente sous la forme d’écrits de Viat Koulikov qui ont été réunis après son décès par son fils Olav. Olav Koulikov ressemble étrangement d’ailleurs à un écrivain et éditeur français, au point d’en être le sosie, peut-être y aura t’il des explications sur ce sujet dans un prochain numéro des saisons de l’étrange…..

Univers et Aspect uchronique du roman

L’univers du roman est assez particulier, il ressemble au notre sans l’être vraiment à de nombreux points de vue. L’Angleterre fait partie de l’Empire de Toutes les Russies depuis la fin de l’année 1825 qui constitue le point de divergence avec notre monde. À la mort du Tsar Alexandre 1er, dans l’univers du roman, son successeur fut le Grand-duc Constantin qui devint ainsi Tsar de toutes les Russies le 14 décembre 1825 puis épousa la jeune héritière du trône britannique, Victoria  en 1837. Tout ceci explique que L’Angleterre soit ralliée à l’empire Russe.

Cette bifurcation par rapport à notre fil historique a eu d’autres conséquences. Le système de datation est assez différent de l’autre côté de la Manche où alors que La France se situe dans les années 70, eux approchent de l’An 3000! Cela est du à l’abandon par le Tsar Constantin des calendriers romains et orthodoxes. Le Tsar ayant choisi la foi bouddhiste, il a adopté un calendrier basé sur la naissance de Bouddha, ce qui explique aussi une gigantesque statue du Bouddha sur l’Isle aux Chiens. Au point de vue historique global, les conflits mondiaux de 1870, 1914 et 1945 n’ont pas eu lieu. L’Europe n’a pas connu de guerre et la Révolution russe de 1917 n’a pas eu lieu. La France est devenue une puissance communiste et son président est Pierre Mendès France. Valéry Giscard d’Estaing dirige un gouvernement français en exil et réfugié à Londres.

Pour finir de donner le ton général de l’univers du roman, la langue parlée en Angleterre est l’anglo-russe. La technologie est sur certains aspects très différentes de la notre, on trouve des robots couramment. Tout cet univers se dévoile peu à peu au fil des différents récits mais au départ, il est assez surprenant car le caractère uchronique n’est pas tout de suite mentionné. Cet univers est vraiment agréable et recèle un grand potentiel. J’ai aimé partir à la découverte de ce monde, beaucoup plus que le reste d’ailleurs.

Un recueil de nouvelles

Le personnage principal du livre est Jan Marcus Bodichiev, qui officie en tant que détective privé et spécialiste en sécurité informatique. Viat Koulikov a bien connu le détective et a été amené à travailler pour lui. Il a ainsi mis par écrit plusieurs enquêtes de Bodichiev en ayant le projet d’en faire un livre. Après sa mort, son fils, Olav, a repris l’idée. Une préface explique tout ceci ainsi que le fait que certains textes n’ont pas eu de fin propre. On retrouve ainsi huit enquêtes du détective qui forment des nouvelles séparées, avec le même protagoniste principal. Les enquêtes sont ainsi racontées par un proche du détective, mais pas par lui-même.

Bodichiev devient un détective renommé et on lui confie beaucoup d’enquêtes. Il voyage ainsi entre Londres, Bordeaux et Amsterdam. Bodichiev, tel un Sherlock Holmes de son univers, résout ses affaires en deux temps trois mouvements, avec une facilité déconcertante. Du coup, l’aspect enquête m’a intriguée dans les premiers textes, puis très vite lassée. Tout est résolu à la dernière ligne et souvent très vite. Les enquêtes se mélangent, il y a la principale puis une secondaire résolue encore plus vite que la première. De plus, comme la résolution vient à la toute fin de chaque histoire, on a l’impression de ne pas savoir d’où viennent ses conclusions. À mon sens, plutôt que plusieurs enquêtes sous forme de nouvelles, il aurait mieux valu une ou deux grosses enquêtes qui auraient montré le talent d’investigateur de Bodichiev et auraient enlevé cette impression de redondance au fil des textes.

Bodichiev est un personnage attachant, au passé trouble, un détective à l’ancienne qui fait penser à Sherlock Holmes ou Hercule Poirot, qui sont d’ailleurs mentionnés dans une des histoires concernant leurs méthodes pour enquêter. On voit très bien l’hommage rendu à la littérature policière et à ses 2 célèbres détectives. La ressemblance est encore accrue par la présence d’un ennemi juré de Bodichiev, qui fait penser à Moriarty. L’aspect pulp présent dans les autres romans de la série se retrouve également ici avec les thèmes des nouvelles tels que créature étrange ou amélioration corporelle.

Mémoires d’un détective à vapeur est une lecture sympathique, dans l’esprit des autres romans des Saisons de l’étrange. L’univers est très riche et fouillé, le personnage principal attachant et intéressant. Cependant, le format nouvelles dessert le reste et donne trop une impression de redondance. On prend plus de plaisir à découvrir l’univers que les enquêtes en elle-même.

Autres avis: Lhisbei, blog à part,

cof

Auteurs: Viat Koulikov et Olav Koulikov

Éditeur :Les saisons de l’étrange / Les Moutons Électriques

Parution :05/04/2018

Londres est la plus grande métropole anglo-russe, une statue géante du Bouddah Amida vient d’y être érigée et l’on prépare les festivités impériales du troisième millénaire…

Jan Marcus Bodichiev, détective privé et spécialiste en sécurité informatique, mène l’enquête sur une station extraterrestre, des crimes météorologiques, des cambrioleurs génétiquement modifiés ou dans la France soviétique…

Réunis après sa mort par son fils Olav, les écrits et fragments de Viatcheslav Pavlovitch Koulikov retracent la carrière d’un détective hors pair au temps des grands dirigeables, des premières intelligences artificielles et de la longue paix : souvenez-vous de l’an 3000.

 

Cette chronique fait partie du challenge Challenge Summer Short Stories of SFFF – saison4

S4F3 saison 4

16 commentaires

  1. Autant je n’étais pas motivé par les précédentes parutions des « saison de l’étrange », autant celui-là me fait de l’oeil, même après tes réticences sur la redondance. Comme résister à un détective holmesien dans un cadre détonnant ? ^^

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