Kabu Kabu-Nnedi Okorafor

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Ce recueil de nouvelles de Nnedi Okorafor est issu d’un financement participatif via Ulule et comprend 20 nouvelles et un avant-propos signé Whoopi Goldberg. Toutefois le livre est disponible chez Les éditions de l’instant ici. Les textes présents dans ce recueil touchent à différents genres et sont très variés. Le recueil est paru en 2013 aux États-Unis, et en France en mai 2018 avec la traduction de Patrick Dechesne. C’est le premier recueil de nouvelles de Nnedi Okorafor. 

L’Afrique est au cœur de ce recueil qui est lié aux autres écrits de l’autrice. Néanmoins, il se lit très bien même si on ne connait pas du tout l’univers de Nnedi Okorafor, et en constitue même une très bonne porte d’entrée. Certains textes du recueil se font aussi référence entre eux. La tache noire raconte par exemple l’histoire de la naissance du premier Ewu (dont on parle dans Qui a peur de la Mort ?) au travers de l’histoire de deux frères et d’un amour interdit.

Nnedi Okorafor apporte une touche de surnaturel au contexte culturel et politique bien réel du Nigeria. Le thème des différences sociales et des richesses du pays sont eu cœur de Popular mechanic qui évoque l’or noir qui rapporte de l’argent uniquement aux autorités, la touche de surnaturel est apportée par le fait que le personnage principal en lutte pour le contrôle du pétrole a un bras cybernétique. Dans L’artiste araignée, on retrouve les pipelines et le côté cybernétique en toile de fond avec des robots en forme d’araignées pour surveiller les puits de pétrole. Cette nouvelle aborde beaucoup de thématiques, est très émouvante et magnifiquement écrite, une des plus touchantes de l’ouvrage.

Les femmes et leurs places dans la société sont aussi au centre du recueil. Des femmes prises entre leurs origines et leurs aspirations, avec le poids de traditions ancestrales ne jouant pas en leurs faveurs. Comment Inyang obtint ses ailes montre comment dans les traditions, les hommes engraissent les femmes et les excisent, une jeune fille arrive à échapper à un mariage forcé et à voler de ses propres ailes, au propre comme au figuré. Dans Les vents de l’harmattan, Asuko vit un mariage tragique avec Okon qui n’accepte pas le pouvoir de sa femme. À nouveau un texte très émouvant et un destin tragique. Dans Kabu Kabu, on retrouve aussi ce thème avec l’histoire d’une jeune femme d’origine africaine vivant aux États-Unis qui va prendre sans le vouloir un Kabu Kabu, c’est à dire un taxi clandestin qui vous emmène là où vous devez aller. Le surnaturel apparait peu à peu et l’autrice nous offre un magnifique voyage dans cet étrange taxi où l’on croise des créatures fantastiques de l’Afrique Noire.

Les créatures du folklore africain se retrouvent ainsi dans plusieurs textes, formant un univers à part et une ambiance très travaillée. Dans Le tapis, une maison de famille abandonnée au Nigeria est remplie de créatures étranges. Un être surnaturel attaque une femme dans Sur la route. On trouve des babouins très agressifs dans La guerre des babouins, un texte qui traite la peur de manière très réussie. La maison des difformités fonctionne sur le même principe et flirte avec l’horreur pour un texte très réussi et faisant référence à Stephen King.

Nnedi Okorafor créé des personnages forts, originaux et à la fois crédibles mais surtout  profondément humains. Ils sont confrontés aux horreurs de la guerre dans Biafra, à leurs désirs et à l’amour. Dans Séparés, un jeune couple est confronté à l’arrivée d’un enfant et aux changements que cela va occasionner dans leur couple. Tumaki raconte une histoire d’amour sous fond de religion et de méta humain et parle ainsi de la différence qui peut engendrer la haine.

Kabu Kabu est donc un recueil d’une très grande richesse qui place l’humain au centre de ses nouvelles. Les thématiques sont très variées, tout comme les genres et les personnages. Le surnaturel peut servir chez Nnedi Okorafor à parler des problèmes des femmes prises entre leurs désirs et les traditions mais aussi à montrer la diversité et la beauté du continent africain. Il faut aussi souligner la traduction de Patrick Dechesne qui retranscrit la fluidité et la beauté de l’écriture de Nnedi Okorafor.

Autres avis:Just a word, Elbakin

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Auteure: Nnedi Okorafor

Traduction: Patrick Dechesne

Édition: Les éditions de l’instant

Parution:01/05/2018

Au bord d’un pipe-line, une jeune femme joue de la guitare pour un zombie d’un genre particulier. Dans un village nigérian, deux soeurs investissent une maison que leurs parents ont fait construire mais qui, curieusement, n’est pas meublée. Au lieu de l’amener à l’aéroport, un chauffeur de kabu kabu, ces taxis clandestins qui hantent les rues de Lagos, emmène sa cliente au coeur des légendes africaines. Sur la côte de Calabar au début du vingtième siècle ou sur l’étrange planète Ginen, Arro-yo est une coureuse de vents, obligée de se battre pour exister malgré sa chevelure qui la désigne aux autres comme maudite

Cette chronique fait partie du challenge Challenge Summer Short Stories of SFFF – saison4

(357 pages mais les nouvelles ne commencent qu’à la page 10, après l’avant propos)

S4F3 saison 4

 

 

 

 

25 commentaires

    • Non je dénigre pas 😉 je triche un tout petit peu, mais juste un peu en ne comptant que les nouvelles pour le challenge 😉
      Non c’est pas triste, un peu mais c’est tellement bien écrit et avec de l’émotion que ça ne donne pas cette impression.

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  1. Il est intéressant ce recueil. J’avais vu passer le financement participatif mais je n’avais pas osé à l’époque car je ne connaissais pas l’auteure. Du coup, je me laisserai bien tenter. Nan, mais c’est pas vrai! C’est le troisième livre que je mets dans ma wishlist à cause de toi! 😉

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  2. C’est un recueil que j’i bien envie de lire. Pour 2 raisons : ta critique et l’auteur que j’apprécie.

    Oui, pour e challenge, il y a une tolérance, de quelques pages (10/15), car les récits commencent rarement à la première.

    Aimé par 2 personnes

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