L’enfant de poussière-Patrick K.Dewdney

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J’avais hésité à acheter ce roman aux Imaginales, un peu effrayée par le nombre de tomes prévus. Cependant, quand Babelio m’a proposé de le gagner lors d’une opération masse critique spéciale, je n’ai pas du tout hésité. Je remercie d’ailleurs Babelio et les éditions Au Diable Vauvert pour cette offre.

L’enfant de poussière est le premier tome du cycle de Syffe visiblement prévu en 7 tomes. C’est le premier cycle de fantasy de l’auteur qui a écrit auparavant des romans noirs et de la poésie. Le livre objet est vraiment très réussi avec une couverture en relief et des illustrations intérieures des cartes faites par l’illustratrice Fanny Etienne-Artur, de grande qualité. Le seul bémol est qu’il ne faut pas lire le 4ème de couverture qui dévoile beaucoup trop de choses sur l’intrigue et qui gâche un peu la lecture pour le coup. J’ai d’ailleurs mis une version écourtée de ce résumé à la fin de cet article.

Le roman est raconté par Syffe à la première personne. Au tout début du roman, Syffe est âgé de 8 ans et vit avec 3 autres enfants du même âge à la ferme de la veuve Tarron aux alentours de la ville de Corne-Brune. Les trois enfants sont orphelins et grandissent ensemble dans les rues et se soutiennent mutuellement. Jusqu’au jour où le destin va faire basculer la vie de Syffe et lui faire prendre un tour totalement différent. On pourrait alors classer le roman dans les romans d’apprentissage mais il va bien au delà de cela. L’itinéraire de Syffe est lié à plusieurs rencontres et va nous permettre de découvrir l’univers développé par l’auteur.

Au sein de la ville de Corne-Brune, quelques personnes vont faire changer le destin de Syffe et le premier d’entre eux est le première lame Hesse qui fait partie de la garde de la cité. Par la suite, viendra Nahirsipal médecin du primat de la ville qui apprendra beaucoup de choses à Syffe, puis un guerrier Var, Huldrik. Ces trois personnages vont avoir chacun un impact différent sur l’enfant, le faire grandir de différentes manières, le faire évoluer, et lui transmettrons leurs connaissances.

Les mentors de Syffe font un peu office de figure paternelle pour lui. Cependant, rien n’est facile pour ce jeune héros qui connait de nombreuses peines, douleurs et peu de choses lui sont épargnées. De ce point de vue, le roman est extrêmement bien réussi et rend ce personnage central attachant, complexe, confronté à une vie très difficile trop tôt pour un simple enfant, ce qui le fait grandir trop vite.  Même si le roman est raconté à la première personne, les personnages secondaires ne sont pas laissés de côté. Ils sont tous très bien creusés, intéressants, avec des zones d’ombre, et contribuent grandement à faire de ce roman une réussite.

Le début du roman fait un peu penser à La citadelle des ombres de Robin Hobb, surtout parce que le personnage de Syffe est un enfant dont le destin va basculer, et qui va côtoyer la noblesse de la ville, mais les 2 personnages ne sont pas du tout semblables. Les deux univers sont également très différents. Dans l’univers créé par Patrick K. Dewdney, le surnaturel est présent par petites touches, au départ sous formes de légendes puis de créatures étranges comme les Stryges. Le lecteur découvre l’univers au gré des mésaventures de Syffe, et le monde ne se réduit pas qu’à la ville de Corne-Brune. L’univers est complexe, avec des situations politiques difficiles et vraisemblables, des peuples variés, des tensions, de la misère. On peut d’ailleurs noter que si le roman nous touche particulièrement c’est aussi parce que son univers semble proche du notre par certains points: le fait que le primat ait des origines différentes de l’aristocratie dérangent les nobles, le rôle des femmes dans certains clans est de loin plus enviable qu’ailleurs, la conception de l’amour et de l’homosexualité est également beaucoup plus libre chez les Var. Tous ces points nous parlent et font écho à ce que l’on connait bien. Les thématiques du roman sont ainsi nombreuses dans un monde difficile et dangereux, on y parle de la guerre, du courage, de la liberté, de violence subie, de l’injustice, de l’amour, du passage à l’âge adulte.

Le roman est long (plus de 600 pages) mais on se sent très vite pris dans le récit grâce à l’émotion qui ressort du personnage de Syffe, de l’univers et de tout ce qui le constitue, des paysages aux conflits. Certains passages sont vraiment marqués par une grande intensité, on peut juste noter une légère baisse de rythme et d’intérêt dans la dernière partie du roman, avant que la fin ne vienne relancer de manière magistrale le récit donnant envie de se jeter sur la suite le plus vite possible. La sortie du second tome appelé La peste et la vigne est  d’ailleurs prévue le 13 septembre.

Mais surtout ce qui fait que l’on est si vite happé par le récit, c’est l’écriture de Patrick K. Dewdney,  vraiment très prenante et sensitive. C’est vraiment magnifiquement écrit, avec toujours le mot juste que ce soit dans les descriptions de paysages ou dans les combats.

L’enfant de poussière est donc une véritable réussite, un premier tome qui nous happe et se révèle d’une incroyable densité. Un univers complexe, une intrigue très bien construite et des personnages très travaillés, le tout mis en valeur par une écriture magnifique. 

Autres avis:reflets de mes lecturesLune, GromovarElbakin,Stelphique, Just a word

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Auteur : Patrick Dewdney

Éditeur : Au Diable Vauvert

Parution: 17/05/2018

Orphelin des rues qui ignore tout de ses origines, Syffe grandit à Corne-Brune, une ville isolée sur la frontière sauvage. Là, il survit librement de rapines et de corvées, jusqu’au jour où il est contraint d’entrer au service du seigneur local.

 

Cette chronique fait partie du Challenge pavé de l’été

34 commentaires

    • A vrai dire pour les 7 tomes, je l’ai vu marqué sur Elbakin mais récemment j’ai vu un message de la maison d’édition avec écrit 1/3 alors je ne sais pas trop à quoi il faut s’attendre. Mais ce premier tome est vraiment très bon.

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  1. Eh bien, je n’arrête pas de voir ce livre sur la toile. Vu ton enthousiasme, je pense qu’il vaut le détour. De plus, je ne m’attendais pas du tout à de la Fantasy de prime abord et c’est très intéressant 😀 Affaire à suivre également mais aux vues de critiques, je crois que je ne vais pas résister bien longtemps.

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  2. Merci beaucoup pour le lien! ;;)
    Ta chronique est très jolie, et je suis ravie que ce premier t’ai autant plu! C’était une très belle lecture.
    7 tomes c’est énorme, mais si c’est aussi bien, on a encore de belles heures de lectures devant nous! 😉

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