Après avoir découvert Xavier Mauméjan avec la lecture de Rosée de Feu, uchronie taillée pour moi sur une vision particulière de la guerre du Pacifique, je me suis laissé conseiller ce livre lors des Imaginales 2017.
Le point de départ concernait une enquête concernant un texte culte de la littérature populaire américaine, Ma Mère l’Oie (à ne pas confondre avec les Contes de ma mère l’Oie de Perrault), avant la réalisation d’une adaptation de cette œuvre au cinéma par la Warner. Ne connaissant la culture américaine de l’époque que de manière fragmentaire (il n’y a pas tout dans Lovecraft !), je me suis laissé immerger dans les méandres des années 1890 – 1950 aux USA, pour mon plus grand plaisir.
Le démarrage est légèrement austère, avec plusieurs personnages décideurs de la Warner Compagny qui mandatent un enquêteur pour décrasser et éventuellement purger la biographie de l’auteur, Daryl Leyland, s’il trouvait quelque chose de répréhensible. La Warner cherchant à concurrencer le succès du Magicien d’Oz, avant que Disney ne s’intéresse à cette oeuvre culte. Très vite on se retrouve pris dans les différents éléments de l’enquête, qui vont retracer la vie et l’oeuvre non seulement de l’auteur mais aussi de l’illustrateur Max Van Doren, en donnant une personnalité presque palpable à ce recueil d’histoires.
L’intrigue permet ainsi de dresser un certain nombre de tableaux de l’Amérique du début du siècle, avec même un passage terrible en France lors de la première guerre mondiale. On découvre beaucoup de choses dans cette lecture, qui sait être à la fois passionnante et informative. Un voile de surnaturel plane tout au long de l’enquête, pour montrer que personne ne connaît vraiment bien l’auteur. Le personnage de l’illustrateur, Van Doren est un peu en retrait excepté à 2 ou 3 moments de l’enquête, mais reste attachant par sa destinée dramatique.
Tel un livre du mythe de Lovecraft, Xavier Mauméjan donne une véritable existence au livre ma Mère l’Oie, dont on découvre fréquemment des citations, les personnages hauts en couleur, et même plusieurs histoires complètes insérées dans le roman. On arrive aussi à bien se représenter l’apparence de l’ouvrage, avec les annotations de Daryl et les illustrations de Van Doren . Un lien s’établit véritablement entre le livre et le lecteur, et on est presque déçu de ne pas en savoir plus lors des derniers chapitres.
American Gothic a été pour moi une très belle lecture, une découverte totalement inattendue, à la croisée de plusieurs styles littéraires (enquête, biographie). Le gros tour de force de Xavier Mauméjan est pour moi d’avoir donné une telle personnalité à un livre, à faire que l’on croie à cette histoire alternative. Définitivement une rencontre avec cette auteur que je continuerai à lire avec plaisir.
Autres avis: Blackwolf, Dionysos, AC de Haenne, Lhisbei, Joyeuxdrille
Jack L. Warner, le puissant patron de la Warner Bros veut damer le pion à son rival Disney. Il décide d’adapter pour le grand écran Ma Mère l’Oie, un recueil de contes, contines, anecdotes et légendes urbaines dont les Américains raffolent, plus populaire que Moby Dick ou Le magicien d’Oz. Mais nous sommes en 1953, à l’heure de la guerre de Corée et de la « chasse aux sorcières », menée par le sénateur McCarthy. Warner ordonne qu’on enquête sur l’auteur de Ma Mère l’Oie, un certain Daryl Leyland. La mission est confiée à l’un des obscurs scénaristes qui attendent leur heure dans les coulisses d’Hollywood : Jack Sawyer. À lui de « nettoyer » la biographie de Leyland, rectifiant tout ce qui heurterait le conformisme moral et politique. Ainsi s’ouvre le dossier Leyland. Par recoupements, l’enquête croise témoignages, fiches, rapports, chansons, poèmes, saynètes… American Gothic voyage à travers les États-Unis et son histoire à la recherche de ce gamin de Chicago et du dessinateur Van Doren, tous deux, initiateurs d’un imaginaire brut. Xavier Mauméjean fait revivre la prodigieuse inventivité d’une jeune nation se forgeant sa propre mythologie. Mais ce monde merveilleux de l’enfance toute-puissante et de la naïveté géante révèle aussi la part sombre du rêve américain. « Si tu ris, tu es un homme » enseigne Ma Mère l’Oie. Si tu souffres, reste optimiste. Mais le Nouveau Monde n’a-t’il pas perdu son innocence ?
Auteur: Xavier Mauméjean
Éditeur : Alma (Pabloïd) parution 4 avril 2013
/ 10/18 parution 3 avril 2014
J’aime beaucoup cet auteur et c’est l’un des rares livres de lui que je n’ai pas encore lu ^^ Merci pour ta critique, ça donne envie !
J’aimeAimé par 2 personnes
J’ai découvert l’an dernier avec Rosée de Feu, et pour l’instant cet auteur me plait aussi beaucoup.
J’aimeAimé par 2 personnes
C’est compliqué de trouver du déchet dans ce qu’il écrit. En plus, c’est toujours à la limite de plusieurs imaginaires et il s’amuse à essayer de changer de style d’écriture à chaque fois.
J’aimeAimé par 1 personne
Je découvre l’auteur, donc je ne peux pas encore dire cela, mais nul doute que je vais aller plus avant dans ma découverte de cet écrivain au combien intéressant.
J’aimeAimé par 1 personne
Et parce que moi je n’ai pas donné envie ?! ^^
J’aimeAimé par 2 personnes
Mais si, très bien 😉
J’aimeAimé par 2 personnes
Un livre étonnant. J’avais aimé, mais ce n’est pas le genre de livres où je finis en étant émerveillé tant je reste perdu en le refermant entre ce qui est réel et ce qui ne l’est. Ce qui reste la preuve d’une belle immersion et crédibilité. ^^
En tout cas, la couverture poche est bien moins belle que la version originale…
J’aimeJ’aime
Concernant la couverture effectivement elle ne brille pas par sa beauté en poche, même si elle interpelle.
A la fin de ma lecture je me suis posé la question sur la part du réel dans l’oeuvre… avant de me rendre compte que tout était fictif pour ce qui concernait Ma mère l’oie. Donc effectivement au niveau immersion/recherche bibliographique le boulot est impressionnant de réalisme.
J’aimeJ’aime
je crois que je vais faire l’impasse sur celui-ci.
J’aimeJ’aime