Intégrale Clark Ashton Smith:Zothique

C1-couv-intégrale-Zothique-673x1024

Cet ouvrage est issu d’un financement participatif sur Ulule. Le but du financement est de retraduire entièrement l’ensemble de l’œuvre de fantasy de Clark Ashton Smith. L’écrivain américain avait la particularité d’être l’ami de Lovecraft et de Robert Howard. Les trois écrivains ont eu un fort impact sur la fantasy américaine et Clark Ashton Smith a participé à l’élaboration du mythe de Cthulhu. Le financement participatif proposait trois tomes : Mondes derniers qui contient l’ensemble des textes (nouvelles, fragments, poèmes) des cycles de Zothique et d’Averoigne, Mondes perdus, qui réunit les textes des cycles d’Hyperborée et de Poseidonis et enfin Autres mondes.

Clark Ashton Smith, né en 1893, a eu une enfance assez sombre et marquée par la maladie. La lecture, la culture et l’art ont été des refuges lui permettant d’oublier la tristesse de son quotidien. Il est ainsi devenu entièrement autodidacte et s’est mis à l’écriture. Ses poèmes lui donnèrent une certaine renommée mais c’est la rencontre avec Lovecraft qui va changer les choses. Il est édité dans Weird Tales à partir de 1929. C’est à cette période que naissent les univers de Zothique, Averoigne, Poseidonis et Hyperborée. Son œuvre fut marquée par un imaginaire sombre et exotique où la magie a une grande importance et surtout par un style très ciselé proche de la poésie. Il fut traduit en France à partir des années 70 mais de manière assez aléatoire. Cette nouvelle traduction permet donc de regrouper la totalité des textes de l’auteur.

Les 16 nouvelles, plus un drame sous forme théâtrale, se déroulent dans un lointain futur dans un monde très sombre et décadent. Le monde est à l’agonie et les textes parlent des destinées assez macabres de ses habitants. L’univers de Zothique prend vie par les différents textes, les nouvelles sont liées entre elles à la fois par l’univers, par les thématiques et des personnages. Il y a trop de nouvelles pour parler de chacune dans le détail, surtout que certaines se ressemblent assez. Il vaut mieux ne pas lire le recueil d’une traite mais quelques nouvelles à la fois pour vraiment les apprécier. L’univers est vraiment sombre avec des nécromants, des morts à foison, des tortures et si on veut vraiment apprécier le style de l’auteur et la beauté des textes, il faut prendre son temps dans la lecture. La plume de l’auteur est très évocatrice, marquée par l’esthétisme. Les descriptions sont saisissantes et toute l’horreur du monde se dévoile sous forme proche d’un rêve macabre. Les cultes et rites menés font penser à une résurgence des temps anciens.

Les premières nouvelles sont assez proches, on y croise des nécromants, des tortionnaires, de divinités nécrophages. Cependant, une sorte de morale ressort des textes et personne ne s’en sort impunément. On se demande presque comment il reste encore des habitants dans Zothique! Cependant, dans Le dieu nécrophage, il est aussi question d’amour. Dans Les charmes d’Ulua, un mage essaye de protéger son neveu des charmes ravageurs d’Ulua, la fille du roi Famorgh. Le texte est assez différent des autres avec un côté ensorcelant assez présent. Une des plus marquantes du recueil est Xeethra qui raconte la triste mésaventure d’un jeune berger, Xeethra, qui après avoir mangé un étrange fruit, va changer totalement et se prendre pour Amaro, roi de Calyz. Le problème est que personne ne semble connaitre le pays dont il se dit roi. On navigue dans une ambiance où la folie côtoie le rêve, le personnage de Xeethra est touchant dans sa quête. Les descriptions des lieux de Clark Ashton Smith sont superbes.

On retrouve des nécromants dans Les nécromants de Naat mais avec une quête assez touchante d’un prince nomade pour retrouver sa fiancée enlevée par des esclavagistes. Ceci dit la nouvelle contient son lot d’horreur, l’île de Naat étant bien connue pour cela. Une autre nouvelle qui sort du lot et que j’ai beaucoup apprécié est Morthylla, une princesse morte dont le fantôme semblerait être toujours présent dans une nécropole abandonnée. Valzain, un poète n’ayant plus de goût à rien décide d’y aller espérant la rencontrer. Le texte est touchant, faisant un peu penser à La morte amoureuse de Théophile Gautier. La fin est assez inattendue. Le maître des crabes est une nouvelle narrée à la première personne mêlant un peu récit de piraterie, sorcellerie et combat. Deux hommes cherchent un trésor qui regroupe des talismans et des richesses, leur quête les fera voyager jusqu’à l’île des crabes.

Le travail de Mnémos sur cette nouvelle traduction est vraiment considérable, les ouvrages sont magnifiques avec une couverture cartonnée, des cartes et illustrations de qualité. Les textes de Clark Ashton Smith, leur ambiance sombre et gothique sont ainsi mis en valeur après de longues années d’attente. La traduction de Julien Bétan rend parfaitement la beauté du style de l’auteur. Il vaut mieux lire les nouvelles par petites touches plutôt que toutes à la suite pour mieux apprécier la beauté de la noirceur.

Autres avis: NebalLecture 42Les chroniques du chroniqueur, Apophis, Elbakin

clarkashton

Zothique est le nom d’un continent. Un monde mythique de sortilèges, de prodiges, d’incongruités, de maléfices et de terreurs innombrables. Dans cet univers, l’amour et la mort ont les couleurs de l’illusion, et les hallucinations sont toujours moins effrayantes que la réalité. Dans les villes et villages, dans les forêts et les campagnes, les morts, les momies, les squelettes ne laissent aux vivants aucun répit et, sans cesse, les assaillent et les poursuivent. Si les contes de ce recueil dépaysent totalement, ils n’en restent pas moins l’exacte expression de nos terreurs les plus profondes. Zothique dépeint les destins des habitants du dernier continent de la Terre, lorsque celle-ci est à son agonie… et met en scène l’une des fantasy les plus envoûtantes et splendides que la littérature ait produite.

Auteur: Clark Ashton Smith

Éditeur : Mnémos

Parution : 21/09/2017

Cette chronique fait partie du : Le challenge abc litterature de l’imaginaire 2018

16 commentaires

Laisser un commentaire