L’Empire du Léopard- Emmanuel Chastellière

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Emmanuel Chastellière a une actualité très chargée en ce printemps 2018 avec la sortie de deux romans en tant qu’auteur ( Poussière fantôme doit paraitre fin avril chez Scrineo et l’Empire du léopard sort le 19 avril aux éditions Critic) et un en tant que traducteur (Les Jardins de la Lune de Steven Erikson, parution mai 2018 aux éditions Leha). L’Empire du léopard est son quatrième roman, mais aussi sa première incursion en fantasy après Le Village qui était du registre fantastique, Célestopol aux accents steampunk et Poussière fantôme de l’urban fantasy. La fantasy est pourtant son genre de prédilection en tant que cofondateur du site Elbakin.net, dédié à la fantasy sous toutes ses formes. J’attendais ainsi avec impatience de voir ce que donnait la prose d’Emmanuel Chastellière dans un genre qu’il connait très bien.

L’univers développé dans l’Empire du léopard tient son origine dans une nouvelle intitulée Brasier parue dans l’anthologie « Routes de légendes » dirigée par Estelle Faye et Jérôme Akkouche. L’action du roman se situe dans la péninsule de la Lune-d’Or située au delà de la grande mer par rapport au royaume du Coronado qui est venu conquérir la péninsule de la Lune-d’Or. La campagne militaire dure depuis 6 ans, et le royaume du Coronado a mis l’essentiel de la péninsule sous son joug. Seul, l’empire du léopard résiste encore au royaume de Coronado. Ils n’ont pas de potion magique, mais on murmure d’étranges légendes à leur sujet concernant des créatures mythiques et une fontaine de Jouvence. La situation géographique de l’empire est surtout la clé de leur résistance, en effet ils sont au nord de la Lune d’Or, à l’abri derrière une imposante chaîne de montagne. Le royaume du Coronado dispose d’une technologie militaire supérieure aux royaumes de la Lune-d’Or, notamment des armes à poudre. L’action du roman se déroule en 1870 soit plus vraiment dans une période médiévale. Tout cela fait entrer l’univers du roman dans la Flintlock Fantasy (merci Apophis pour cette définition).

Je suis loin d’être une spécialiste de la question des genres littéraires et je ne sais pas si le roman correspondra vraiment aux attentes du genre mais j’ai beaucoup aimé découvrir l’univers imaginé par Emmanuel Chastellière. Il y a des influences de l’Amérique du Sud pour les noms, la situation géographique et l’histoire. On trouve un soupçon de magie, de la poudre, des cités fabuleuses, des beaux paysages, des légendes. Tout cela se mêle très bien pour nous offrir un univers explosif dont l’auteur distille peu à peu les informations. Le monde qui se déploie sous nos yeux est très riche et propre à l’évasion :  qui n’a jamais rêvé de partir à la conquête de nouveaux mondes peuplés de légendes, d’aventures et de nouvelle richesse?

Cependant, malgré leur puissance, les forces militaires du Coronado ont été affaiblies par 6 années de conquête et espèrent voir arriver des troupes envoyées par le Roi. La colonie établie sur la péninsule est ainsi en mauvais état, son avenir suspendu à des décisions qui lui échappe. Parmi les dirigeants de la colonie, on trouve le vice-roi Philomé et le colonel Cérès Orkatz qui dirige le 22ème régiment. Ils sont tous les deux bien conscients de la précarité de leur situation. La vie au sein d’un régiment militaire est très bien décrite, on a presque un petit côté marines qui apparait. Emmanuel Chastellière prend le temps d’installer la vie au sein de cette colonie, la vie d’un régiment militaire et de créer une atmosphère qui va peu à peu évoluer avec le récit pour devenir très oppressante.

Un des points que j’ai le plus apprécié est le fait que les personnages secondaires soient très bien décrits et aient beaucoup d’importance dans les évènements. Les personnages sont nombreux mais tous sont très bien construits, avec des nuances, des défauts, des caractéristiques bien particulières, et extrêmement vivants. J’ai beaucoup aimé notamment Dumelin, Kamil et surtout le prince Amaru qui est un personnage torturé, brisé mais dont on arrive à comprendre les actes. Comme héroïne, Cérès est une femme forte, en proie à la difficulté de diriger une compagnie militaire, face à des doutes dans sa vie privée. Elle peut apparaître froide au départ, mais elle devient très vite attachante. Il y a vraiment un très gros travail sur les personnages et je trouve cela vraiment appréciable.

La dernière partie est racontée sur un rythme très haletant et on a du mal à lâcher le livre. Le roman fait plus de 600 pages et pourtant on ne voit pas le temps passer tellement on est facilement pris dans le récit. Les scènes d’action sont vivantes et parfaitement maitrisées. Les événements s’enchainent avec frénésie dans la dernière partie du roman et l’auteur n’épargne pas son lecteur en nous en mettant plein la vue et en malmenant nos petits cœurs. On termine le livre en se disant qu’on reviendrait volontiers dans cet univers.

L’Empire du léopard est une grande réussite avec un univers original et détaillé, un soupçon de légendes et de magie, de la poudre, de la fureur, des personnages nombreux et tout en nuances, avec un récit très bien maitrisé. Pour un coup d’essai en fantasy c’est un coup de maitre!

Autres avis: Xapur, Blackwolf, Boudicca, Dup (Book en stock), ApophisReflets de mes lectures, Belgarion ( Elbakin), Le chroniqueur

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Auteur: Emmanuel Chastellière

Éditeur : Critic

Parution : 19/04/2018

1870.
Après une épuisante campagne militaire, le royaume du Coronado a conquis l’essentiel de la péninsule de la Lune-d’Or. Seul l’empire du Léopard, perdu dans les montagnes, lui résiste encore.
Dans l’attente des renforts promis par sa hiérarchie, le colonel Cérès Orkatz – surnommée la Salamandre – peine à assurer l’ordre sur place, la faute à un vice-roi bien intentionné mais trop faible. Dans ce monde de jungles et de brume, les colons venus faire fortune s’épuisent et meurent à petit feu, même si certains au sein du régiment espèrent toujours découvrir la mythique cité de Tichgu, qui abriterait selon les légendes locales la fontaine de Jouvence.
Alors qu’une éclipse lunaire sans pareille approche, Cérès va devoir tenter d’assurer la survie de ses hommes, au mépris peut-être de ses allégeances…

Cette chronique fait partie du : Le challenge abc litterature de l’imaginaire 2018

 

52 commentaires

  1. De rien 😉

    Je verrai ça dans une dizaine de jours, j’ai un Honor Harrington de 1000 pages à finir (au passage, si Emmanuel passe par là, « Cérès, surnommée La salamandre », hommage à HH ou coïncidence ?), puis La ballade de Black Tom à lire. Mais c’est sûr que vu que ce bouquin évolue dans des sous-genres plutôt anglo-saxons jusque là, et que l’auteur a une vraie légitimité pour faire de la Flintlock, ça m’intéresse fortement. Surtout si ça permet de populariser ce type de Fantasy en France (il serait temps…). En tout cas, belle critique, ton enthousiasme me rassure quant à la qualité du bouquin.

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  2. La Ballade de Black Tom, ça devrait aller vite (ah, ce fichier qui se termine à 85%, je ne l’avais pas vu venir !). 😉
    Hommage à Honor Harrington, tu veux dire ? Non, je connais bien sûr la série de nom, mais je n’ai jamais ouvert un tome.

    Aimé par 1 personne

  3. mais, mais, mais!!! Je veux le lire ………. Je l’attends! J’ai vérifier la date. Nous ne sommes pas le 19!!! Je sens que je vais me régaler.

    Dans l’extrait que j’ai lu, j’avais en tête, Les mystérieuses cités d’or, – comme quoi, cette sensation d’Amérique du SUd est partagée -avec la chanson :

    Enfant du Soleil,
    Tu parcours la Terre, le Ciel,
    Cherches ton chemin,
    C’est ta vie, c’est ton destin.

    Et le jour, la nuit,
    Avec tes deux meilleurs amis,
    A bord du Grand Condor,
    Tu recherches les Cités d’Or.

    Ah, ah, ah, ah, ah,
    Esteban, Zia, Tao, les Cités d’Or

    Mais, c’était bien moins enfantin dans mon esprit.

    Allez, je cesse mes bétise, Mon Troll préféré, et j’espère t’avoir rendu service avec cette comptine qui va te suivre toute la journée. Non, ne me remercie pas.

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