Neverwhere – Neil Gaiman

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J’avais lu Neverwhere il y a de nombreuses années et j’ai eu envie de le relire après m’être procuré le numéro spécial de Bifrost consacré à Neil Gaiman. En effet, il y a une nouvelle située dans le même univers que Neverwhere dans ce numéro et je trouvais préférable de le relire avant de lire la nouvelle. Neverwhere est un des premiers romans d’urban fantasy. Petite anecdote étonnante: Neverwhere est à la base une série télévisée créée en 1996 dont le scénariste était Neil Gaiman. Celui-ci a décidé de publier un roman basé sur la même idée que la série mais plus complet. Ce roman est une excellente porte d’entrée sur l’univers de Neil Gaiman.

L’histoire se déroule à Londres dans les années 90. Richard Mayhew  est un jeune homme tout ce qu’il y a de plus normal, avec un travail dans la finance et une fiancée (plutôt insupportable) Jessica. Un soir, il rencontre par le plus grand des hasards, une jeune femme blessée et lui porte secours. Mais, celle-ci ne veut surtout pas aller à l’hôpital. Richard lui vient en aide en contactant des amis de la jeune femme, puis celle-ci disparait. Commence alors pour Richard un long périple où personne ne le reconnait plus, les gens semblent ne même plus le voir. Richard décide alors de retrouver la jeune femme à qui il est venu en aide, prénommée Porte. Il va alors se rendre compte qu’il existe un autre monde « Le Londres d’en bas » d’où viennent Porte et ses amis, un monde mystérieux et dangereux dont Richard ne connait pas les règles.

Neverwhere est le premier roman écrit par Neil Gaiman en solo, après De bons présages coécrit avec Terry Pratchett. On retrouve beaucoup d’éléments communs avec American Gods dans Neverwhere même s’il est moins abouti au niveau de l’intrigue: l’importance des lieux, une création d’univers parallèle à notre monde, des personnages atypiques et le fait que le héros ne cherche pas à aller vers l’aventure mais laisse l’aventure venir à lui (ce qui est de bon augure d’après notre bon roi Arthur). Neverwhere est une déclaration d’amour à la ville de Londres qui devient presque un personnage à part entière du roman. L’univers parallèle au notre est le Londres d’en bas qui géographiquement correspond au Londres de notre monde. Neil Gaiman joue sur les noms des lieux (par exemple à Blackfriars vivent des moines noirs, ou encore Islington dont le nom est celui d’un quartier du Grand Londres), leurs particularités historiques pour créer son monde d’en bas régi par des règles bien particulières. Il nous emmène dans une ballade dans un Londres atypique mais parfaitement connu et détourné pour notre plus grand bonheur.

Richard Mayhew est un personnage qu’on qualifierait volontiers d’ordinaire mais il va être amené à vivre dans un monde différent, où vivent des personnages tout à fait atypiques, comme le marquis de Carabas. Celui-ci vient en aide à Porte dans sa quête, mais on s’aperçoit vite qu’il est charismatique, manipulateur et plein de ressources. Il tient son nom d’un des personnages du Chat botté de Charles Perrault. Porte vient d’une famille étrange dont la particularité est de pouvoir ouvrir des portes donnant n’importe où sur l’univers du moment qu’elle y pense. Pouvoir on ne peut plus pratique et qui attire bien entendu des jalousies. Dans la galerie de personnages hors normes, on trouve aussi Mr Croup et Mr Vandemar, des tueurs sadiques mais faisant preuve parfois d’humour. Au milieu de tout cela, Richard pourrait faire pale figure mais ce n’est pas le cas. Il apparait comme courageux, humain, et le fait qu’il n’ait aucun pouvoir surnaturel ni connaissance du monde dans lequel il bascule met encore plus en valeur son courage et ses actes. Richard va être amené à vivre une aventure qui ressemble beaucoup à une quête initiatique, combattant des méchants, assistant Porte dans ses recherches au gré des retournements de situation.

La découverte du monde d’en dessous pour Richard ne se fait pas sans douleur. Le Londres d’en bas est comme son nom l’indique dans les souterrains de la ville, c’est une société féodale et magique où les rats ont une très grande importance. Les habitants du monde d’en haut ne voient pas ou oublient très vite les habitants d’en bas. Neil Gaiman parle ainsi du comportement de beaucoup de gens par rapport aux sans abris ou aux marginaux. La scène où Richard doit passer une épreuve pour retrouver une clé est d’ailleurs très touchante, Richard se voit en sans abri vivant dans le métro et voit les réactions des gens d’en haut par rapport à lui.

L’intrigue est moins originale que dans American Gods ou tout simplement moins originale que le reste du roman. Mais l’univers dépeint foisonne tellement d’idées, d’une ambiance mêlant le cynisme et les contes, d’humour, de jeux de mots sur les lieux, de personnages extraordinaires, que l’intérêt du roman n’est pas vraiment dans son intrigue.

Neverwhere est un merveilleux roman qui permet d’entrer dans l’univers fabuleux de Neil Gaiman qui nous offre une vision originale de Londres, nous poussant à aller au delà des apparences, à avoir un autre regard sur les lieux, les gens, les choses. Le roman est porté par des personnages atypiques, un univers original et sombre, une écriture magnifique qui donnent un vrai plaisir de lecture.

Autres avis :Livrement, BlackWolf, Vert, Boudicca, Xapur, naufragés volontaires

Londres, un soir comme tant d’autres. Richard Mayhew découvre une jeune fille gisant sur le trottoir, l’épaule ensanglantée. Qui le supplie de ne pas l’emmener à l’hôpital… Et disparaît dès le lendemain.
Pour Richard, tout dérape alors : sa fiancée le quitte, on ne le connaît plus au bureau, certains, même, ne le voient plus… Le monde à l’envers, en quelque sorte.
Car il semblerait que Londres ait un envers, la « ville d’en Bas », cité souterraine où vit un peuple d’une autre époque, invisible aux yeux du commun des mortels. Un peuple organisé, hiérarchisé, et à la tête duquel les rats jouent un rôle prépondérant.
Plus rien ne le retenant « là-haut », Richard rejoint les profondeurs…

Auteur : Neil Gaiman

Traducteur : Patrick Marcel

Éditeur : J’ai Lu

Parution : 1998/2001/2004/2011

Éditeur : Au Diable Vauvert mai 2010

20 commentaires

  1. J’ai beaucoup aimé ce roman (ma première rencontre avec Gaiman ^^) et je suis assez tentée par American Gods (j’ai bien aimé la série et je me doute que le roman doit être bien plus complet et complexe). Jolie critique en tout cas 🙂

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  2. Je suis d’accord avec le Lutin, excellente chronique. Pour ce qui est de le lire, j’hésite car avec Gaiman, soit j’adore (Stardust) soit je déteste (L’océan au bout du chemin). Mais, c’est vrai que c’est tentant cette idée de monde d’en-bas.

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