Les perséides-Robert Charles Wilson

perseides

J’ai lu quelques romans de Robert Charles Wilson mais pas encore de nouvelles aussi me suis je laissée tenter par ce recueil. Les nouvelles sont reliées par plusieurs points communs: la ville de Toronto, la librairie Finders et parfois des personnages communs. La ville de Toronto est le décor commun à ces 9 nouvelles mais Robert Charles Wilson en a fait un personnage à part entière auquel il rend hommage à travers sa plume. Parmi les textes, on trouve des inédits et d’autres déjà publiés dans des anthologies ou des magazines. Le lien entre les nouvelles n’était pas voulu à la base, pourtant elles forment un tout que l’on peut relier de diverses façons. Les nouvelles de ce recueil semblent hésiter entre Science Fiction et fantastique, elles sont racontées à la première personne, ce qui installe le doute sur ce qui se passe. Un petit aperçu de chacune des nouvelles:

Les Champs d’Abraham: la seule nouvelle du recueil qui ne se passe pas à notre époque mais au début du XX ème siècle. Jacob, un orphelin 17 ans s’occupe de sa sœur schizophrène. Il gagne un peu d’argent en jouant aux échecs et en donnant des cours, dans ses rares moments de liberté, il fréquente une librairie. Sur un thème plutôt classique, Robert Charles Wilson nous offre un texte triste et émouvant à l’ambiance très sombre.

Les Perséides: le personnage principal Thomas travaille à la librairie Finders. Il est passionné d’astronomie et rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux.  Le début semble des plus  banals puis peu à peu un climat assez oppressant s’installe. La nouvelle bascule vite dans l’étrange et l’angoisse. Le renversement de situation est habillement amené.

La Ville dans la ville: le lien avec les autres nouvelles n’est pas la librairie mais un personnage secondaire que l’on retrouvera par la suite. Le personnage principal ressemble un peu également à certains que l’on trouve dans les autres textes: il est d’un milieu aisé habitant Toronto, sans enfants, fréquentant un groupe d’amis dans des soirées un peu arrosées. Lors d’une soirée, un de ses amis lance le pari de  créer une nouvelle religion. Pour arriver à ses fins, il va être amené à faire des promenades nocturnes dans la ville de Toronto et découvrir des choses étranges. Le climat de la nouvelle est oppressant. La ville prend toute son ampleur et est au centre du récit.

L’Observatrice: la nouvelle nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui nous raconte sa jeunesse où elle fut victime de présence nocturne extraterrestre. Elle rencontre Edwin Hubble à qui elle parle de sa passion pour les étoiles. Le texte est raconté à la première personne, ce qui instille le doute sur ce que décrit cette jeune fille: folie ou réalité? Le texte interroge sur le futur, la folie, le voyage dans le temps. C’est très bien fait et efficace.

Protocoles d’usage: Le personnage principal est un père divorcé et dépressif, il est  bipolaire sous traitement au Lithium. Il est différent des autres personnages croisés dans les autres textes et travaille à la librairie Finders. La tension augmente peu à peu, le doute s’instille avec l’utilisation des médicaments et les hallucinations. Un des meilleurs textes du recueil, angoissant et très bien écrit.

Ulysse voit la lune par la fenêtre de sa chambre: on retrouve un couple assez typique du recueil, milieu  bourgeois, la quarantaine. Ils invitent un ami à diner, la discussion va porter sur les espèces et leur supériorité l’une par rapport à l’autre. La librairie Finders est mentionnée et importante dans le récit. Le texte est un peu court pour vraiment toucher son but.

Le Miroir de Platon: La librairie Finders a le même rôle que dans la nouvelle précédente. Le personnage principal est un écrivain ayant écrit sur un miroir qui permet de voir la vraie nature des gens.  Le thème n’est pas franchement original mais c’est très bien écrit et assez angoissant. Le côté ambigu du personnage principal est très bien amené et la fin très bien faite.

Divisé par l’infini: dans cette nouvelle, le personnage principal est veuf, sa femme travaillait chez  Finders. Il se rend à la librairie et se retrouve avec des exemplaires de livres étranges. On découvre dans ce texte le propriétaire de la librairie. La nouvelle se veut un hommage aux livres de Science-fiction des années 50-60. Le personnage principal est intéressant, tout comme l’aspect hommage mais la fin est un peu trop  étrange.

Bébé perle:  On retrouve le personnage de Deirdre présent dans deux nouvelles du recueil. Elle travaille chez Finders puis est amené à en hériter. Le surnaturel est très vite présent dans le texte, peut-être trop, ce qui change par rapport aux textes précédents où l’angoisse arrivait petit à petit. L’histoire tourne seulement autour du personnage de Deirdre et la nouvelle est très étrange. Le texte que j’ai le moins apprécié du recueil et c’est dommage de finir par lui d’ailleurs.

Ce recueil permet donc de découvrir une autre facette de l’écrivain et de le découvrir sous forme de textes courts. Comme dans ses romans, les personnages sont au centre des histoires. Les nouvelles tournent autour de la librairie Finders et de la ville de Toronto en partant d’un point de départ provenant de la vie ordinaire et basculent peu à peu vers l’étrange et parfois l’horreur. Comme souvent chez Robert Charles Wilson, on retrouve des questions sur notre existence et des thèmes très bien traités comme celui du double, ou de l’obsession. Mais ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ces nouvelles, c’est l’incertitude qui émane de chacune, on navigue entre fantastique et science fiction et chacun peut avoir son interprétation propre d’une histoire qui sera différente pour un autre lecteur.

Célindanaé

Autres avis: Blackwolf, Joyeux drille, Xapur

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C’est l’histoire de deux géographies intriquées : celle des ruelles nocturnes de Toronto et celle de l’étrange librairie Finders, deux géographies qui ne sont pas ce qu’elles semblent être car non, décidément, la carte n’est pas le territoire… C’est l’histoire des abîmes vertigineux de l’espace et du temps et de ce qu’ils abritent, de l’étrange et de l’occulte, là, au coin de la rue, au détour d’un rayonnage de bibliothèque ou sur une case d’échiquier… C’est l’histoire de ce qui ne peut être vu et que l’on voit quand même, de ce qui ne peut être dit et qu’il nous faut dire, malgré tout… C’est l’histoire des Perseides, neuf récits se répondant les uns les autres pour tisser l’ébauche d’un paysage indicible, un livre à l’ombre des grands maîtres tutélaires de l’œuvre wilsonienne : Jorge Luis Borges, Howard Phillips Lovecraft et Clifford D. Simak en tête. Peut-être le livre le plus personnel de Robert Charles Wilson.

Auteur: Robert Charles Wilson

Édition: Le Bélial

Traduction: Gilles GOULLET

Parution : 11 septembre 2014

Sommaire

  • Les Champs d’Abraham
  • Les Perséides
  • La Ville dans la ville
  • L’Observatrice
  • Protocoles d’usage
  • Ulysse voit la lune par la fenêtre de sa chambre
  • Le Miroir de Platon
  • Divisé par l’infini
  • Bébé perle
  • Postface
  • Bibliographie

Cette chronique fait partie du challenge littérature de l’imaginaire 

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et du Challenge: Robert, je t’aime !

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15 commentaires

  1. Un univers à part dans la bibliographie wilsonienne. Comme tu le dis très bien, on navigue entre SF et fantastique, à la libre interpértation des lecteurs.
    Bref l’auteur continue de t’interpeller , preuve d’unr belle plume.

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  2. Il me tentait déjà bien celui-ci et tu ne fais que titiller un peu plus ma curiosité ^^ Pour le moment je n’ai lu qu’un seul texte de l’auteur et je suis restée sur ma faim (Darwinia) mais les avis que je lis depuis quelque temps de camarades blogueurs me laisse à penser que je n’ai pas commencé par le meilleur de l’auteur…

    Aimé par 1 personne

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