Les enfants de Hùrin : retour aux sources…

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Des milliers d’années avant les événements relatés dans Le Seigneur des Anneaux, la Terre du Milieu est en proie aux luttes entre Morgoth, le premier Seigneur Ténébreux, et les Elfes, alliés aux Hommes. Morgoth lance une terrible malédiction contre Túrin et Niënor, les enfants de Húrin, les contraignant à une vie errante, pour se venger du héros qui a osé le défier.

Túrin, qui cherche sa place parmi les Elfes et les Hommes, lutte de manière spectaculaire et tragique contre Morgoth, nous faisant découvrir un passé méconnu de la Terre du Milieu.

Auteur: J.R.R. Tolkien à titre posthume, l’ouvrage a été reconstitué par le fils de Tolkien, Christopher  à partir de textes inachevés laissés par son père.

Parution:  17 avril 2007

 

J’ai l’habitude de relire tous les 8-10 ans le Silmarillion, et à chaque fois c’est une redécouverte du monde si riche créé par Tolkien. C’est aussi le moyen de me perdre dans des méandres de l’histoire, avec ses centaines de noms de personnages et de lieux. Les enfants de Hùrin permet de se plonger dans un chapitre du Silmarillion, qui ne pèse que 30 pages chez l’éditeur Christian Bourgois, pour en faire un peu plus de 200 maintenant.

Je l’avoue sans honte, c’était un pan de l’histoire qui m’avait peu attiré dans le récit initial, je trouvais une profusion de personnages et un voyage quasi impossible à suivre sur la carte du livre. J’arrivais même à ne plus savoir qui était elfe, humain et nain ! Pourtant, le sel était là, avec la destinée tragique d’un personnage et sa quête éperdue de venger son père, la lutte contre le dragon Glaurung… Aussi lorsque la lecture d’un hors série de Bifrost a (r)éveillé mon intérêt pour le livre, je me suis rendu compte qu’il attendait depuis sa sortie dans la bibliothèque. Et me revoilà parti dans le première âge des terres du milieu…

L’histoire est forcément connue, et pourtant ce récit permet de redécouvrir dans une version plus digeste cette épopée de Hùrin et de sa sœur. Après une introduction sur le contexte qui se veut pédagogique, mais qui à mon avis perd déjà les 3/4 des non connaisseurs du Silmarillion, on rentre vite dans le récit par une des batailles perdues par les Noldors et leurs alliés contre Morgoth. Il s’agit de la bataille des Larmes Innombrables, l’un des points culminants de la lutte des Elfes contre Morgoth. Dans le Silmarillion, je trouvais cette bataille confuse, et enfin on comprend quelque chose au déroulement des opérations, aux trahisons, et au rôle de l’armée de Turgon. Et la suite du récit joue à peu près le même rôle pour chacun des épisodes du récit que l’on avait pu découvrir dans le Silmarillion : plus détaillés, plus « visualisables ». On y retrouve les ingrédients typiques de ces récits de Tolkien, avec l’importance du destin, des personnages souvent assez froids et droits dans leur bottes. Le récit est globalement inspiré de la légende finnoise du personnage de Kullervo.

Dans cette œuvre, il est donc possible de s’immerger un peu plus dans ces aventures, car les lieux, les personnages, prennent une ampleur que l’on ne leur connaissait pas. Mention spéciale aux personnages de Mablung, Beleg et Nienor. Les lieux et éléments géographiques décrits sont très nombreux, et la carte du livre a parfois bien du mal à suffire. On ne comprend pas toujours pourquoi les protagonistes passent par cette route alors que tel chemin semble plus court / logique, ou bien pourquoi les orques passent par tel chemin plutôt que par ce défilé qui semble  si étroit. Même en regardant de temps en temps l’atlas de référence de Karen Wynn Fonstad, l’errance de Turin est difficile à suivre.

Le style reste de la traduction de Tolkien, ce n’est pas forcément très actuel dans le style ou le déroulement des dialogues. À l’origine le récit de Tolkien comporte de nombreuses tournure de vieil anglais, et un vocabulaire un peu désuet. Certains passages sont assez ardus, mais au final on arrive à s’y retrouver. Le travail de Christopher Tolkien a du être important pour recoller tous les fragments de ces aventures. La lecture des appendices est très intéressantes, quand elle n’est pas indispensable pour la compréhension du roman (arbres généalogiques et index des noms notamment). L’édition possède quelques images qui permettent une représentation de certains lieux, mais sans légende il est parfois difficile de savoir ce que cela représente (à part pour la ville de Gondolin et le trône de Morgoth).

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Au final c’est un très bon moyen de relire du Tolkien, j’ai pris beaucoup de plaisir, en attendant de poursuivre avec les livres des contes perdus, qui parait-il sont très ardus. Certains présentent ce livre comme une bonne entrée en matière avant de lire le Silmarillion. Je vais proposer à Célindanaé qui n’a pas lu le Silmarillion de les lire dans cet ordre (si elle trouve le temps hors PAL). Pour moi, même si l’histoire se suffit bien, il est clair que la connaissance des événements du premier âge permet de donner beaucoup plus de profondeur et de puissance au récit.

Lhotseshar

15 commentaires

  1. J’ai lu forcément la Sda, le Hobbit. Mon immersion dans l’univers de Tolkien a été une inspiration et une méverlleuse (viermeilleuse?) découverte (allez ma dyslexie me joue des tours – je suis incapable de prononcer ou de savoir écrire ce mot sur l’instant !!!). Superbe découverte!

    Mais, j’en ai eu pour mon compter. Du moins pour l’instant.

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    • ça fait partie des livres qui peuvent sommeiller dans la bibliothèque, et un jour on se dit : »tient du Tolkien que je ne connais pas ». Comme se rendre compte que l’on n’a jamais lu un certain texte de Lovecraft, ou l’intégrale des « Fungi »… alors que l’on possède l’intégrale de ses oeuvres !

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    • Le Silmarillion, passé la première partie nécessaire mais très indigeste sur la création du monde, ce n’est que du bonheur. J’apprécie beaucoup l’épopée des fils de Féanor et l’histoire de Beren et Luthien. Les récits du deuxième age permettent de comprendre aussi beaucoup de chose à l’état de la terre du milieu du troisième age.

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  2. C’est un bonus sympathique qui a le mérite de rendre cette histoire très accessible. Par contre quand on le découvre comme moi après avoir lu toutes les versions disponibles dans L’Histoire de la Terre du Milieu, on s’y ennuie un peu (sans doute que ça manque de notes de bas de page xD)

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  3. J’avais d’abord lu le Silmarillion, et c’est vrai que je pense que c’est plus judicieux de faire l’inverse =) ! Dernièrement de Tolkien j’ai lu La chute d’Arthur, c’est un poème long mais inachevé sur le légendaire arthurien. Il a été édité en français il y a peu, deux ou trois ans peut etre =)

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