Père du roman de science-fiction tel qu’il s’est ensuite développé en France, Jules Verne est devenu un classique. Aujourd’hui, la France entière et tout le milieu de la science-fiction reconnaissant célèbrent le centenaire de la mort du grand maître.
Deux anthologistes, Richard Comballot (Les Ombres de Peter Pan, Mission Alice), et Johan Heliot, auteur du roman steampunk désormais culte, La Lune seule le sait (Jules Verne y enquêtait sur la lune) lui rendent un vibrant hommage :
« Sans ce vieux Jules, bien malin qui pourrait dire où nous en serions tous, à commencer par nos auteurs, puis vous, lecteurs, enfin nous, modestes passeurs, le temps d’un livre. Certainement quelque part où le goût des aventures nous paraîtrait frelaté. Où il manquerait à la jouissance de l’amateur d’anticipations scientifiques la part — belle, n’en doutons pas — de nostalgie qui amalgame dans le plaisir passé et présent. »
Anthologie dirigée par Richard Comballot et Johan Heliot Édition: Mnémos
Cette anthologie est parue en 2005 pour le 100ème anniversaire de la mort de Jules Verne, l’année 2005 a d’ailleurs été déclarée « année Jules Verne ». Elle est constituée de 18 nouvelles. À noter que Johan Heliot avait fait de Jules Verne le héro de son roman La lune seule le sait aux éditions Mnémos.
¤Mon avis:
J’avais acheté cette anthologie en 2015 en grande partie pour la nouvelle de Pierre Pevel, un de mes auteurs préférés. Je n’avais depuis lu que le texte de Pierre Pevel et j’avais laissé le livre de côté depuis. J’ai lu maintenant cette anthologie en entier (je vide ma PAL) et même si tous les textes ne se valent pas, j’ai passé un bon moment avec cette lecture. Comme il y a beaucoup de nouvelles, je vais détailler chaque texte en m’attardant un peu plus sur ceux qui m’ont plus marquée.
• Cuit dur de Xavier Mauméjean : j’ai adoré cette nouvelle qui est vraiment excellente. Jules Verne est parti vivre aux États-Unis où il est devenu détective privé, il continue à écrire et son éditeur s’appelle Lovecraft. Xavier Mauméjean mélange avec brio enquête dans le style polar avec des personnages de littérature comme Philo Fogg et rend ainsi hommage au polar du début 20ème siècle. Les références à la littérature sont utilisées à bon escient et cette nouvelle est vraiment très bien réussie, c’est une des meilleures du recueil et un coup de cœur pour moi.
•La guerre des mondes a bien eu lieu de Pierre Stolze : nouvelle courte sous forme épistolaire où Jules Verne écrit une lettre posthume à son fils Michel. Il lui parle de courriers échangés avec H.G.Wells qui lui aurait volé plusieurs idées de livres. Le texte est plaisant bien que un peu court.
• La mystérieuse Antarctide de Christian Vilà : le texte met en scène un Jules Verne adolescent rencontrant Randolph Carter, le héro des montagnes hallucinées de Lovecraft. Jules Verne part avec Carter en exploration vers l’antarctique. L’idée de base est intéressante mais le traitement est assez confus surtout à la fin. Cette nouvelle comporte des références à Edgar Poe au travers du Sphinx des glaces, un roman de Jules Verne qui se veut une suite à Les Aventures d’Arthur Gordon Pym de Nantucket d’Edgar Poe.
• Le retour de Wilhelm Storitz de Daniel Walther : Le secret de Wilhelm Storitz est un roman posthume de Jules Verne où il est question d’invisibilité. Le thème est repris ici avec un descendant de Wilhelm Storitz qui a découvert le même secret et qui s’en sert à des fins néfastes. Le texte est bien écrit avec des passages jouant sur le côté épouvante et qui font mouche.
• Magicus in Mobile de Pierre Pevel : cette nouvelle se situe dans l’univers du Paris des merveilles dont on retrouve les principaux personnages, cependant on peut tout à fait apprécier ce texte même si on n’est pas familier de l’univers. George Méliès, cinéaste et mage a fait apparaitre le Nautilus en plein Paris ce qui cause une crue exceptionnelle de la seine. Il s’agit de la première nouvelle écrite par Pierre Pevel, plus habitué au format long, mais l’auteur s’en sort très bien avec le format court. On y retrouve bien l’univers de la trilogie avec son côté merveilleux et humoristique et le style de l’auteur, tout en intégrant une thématique proche de Jules Verne.
•On a volé le pôle magnétique! de Hervé Jubert : une organisation un peu spéciale « le musée des mondes imaginaires » part en mission avec Jules Verne pour retrouver le pôle magnétique et faire en sorte que Jules Verne devienne écrivain. Ce texte est intéressant avec de l’humour mais un peu embrouillé par moment.
• Le dieu mécanique de Richard Canal : cette nouvelle met en scène un journaliste de 2005 enquêtant sur un chercheur qui achète les manuscrits originaux de Jules Verne. La science est habilement mêlée à l’écriture. Cette nouvelle est très intéressante, avec une mise en abîme de l’écriture et une fin surprenante.
• Blanc partout de Michel Lamart : cette nouvelle est très courte et assez vague, elle traite du thème de la photo et de la perception du réel.
• Décalage temporal de Philippe Curval : ce texte parle du voyage dans le temps et de l’existence des personnages de roman en dehors des livres. Ce thème est attrayant mais le traitement en nouvelle est trop court et du coup cela devient décousu.
• Non-absinthe de Ugo Bellagamba : c’est un très beau texte sur la perte d’un être cher et le besoin de garder en mémoire le passé vécu avec cette personne. Ugo Bellagamba apporte beaucoup d’émotions grâce à une plume très soignée et très agréable. Jules Verne est assez peu présent dans le thème, juste au travers d’une référence à son livre Le rayon vert, un roman sentimental.
• Le véritable secret de Wilhelm Storitz de Michel Pagel : cette nouvelle parle à nouveau du personnage de Wilhelm Storitz. Cette fois, il rencontre le personnage de La machine à explorer le temps de H.G.Wells. C’est très bien fait et bien écrit mais il est dommage que 2 nouvelles dans une même anthologie traitent du même thème.
• La journée d’un écrivain français en 2889 de Jean-Pierre Hubert et Serge Ramez : dans le futur une technique permet de ressusciter les gens, et des savants essayent de faire revenir Jules Verne. Ce texte est plaisant bien que quelque peu confus.
•Eve à tout jamais de Michel Jeury : cette nouvelle aborde le sujet des mondes parallèles, plusieurs mondes existent où Jules Verne a des carrières et des vie différentes. Le concept est intrigant , mais le texte est assez difficile à lire, surtout au début.
• Une visite au pavillon Jules Verne de Jean-Jacques Girardot : Les grandes figures de la culture après avoir été ressuscitées par des savants travaillant au sein d’un parc d’attraction, effectuent des visites pour le public. Ce texte est plutôt court et traite d’un thème sympathique mais déjà vu dans les autres nouvelles du recueil.
•20000 lieues dans l’espace de Jean-Pierre Vernay : cette nouvelle raconte un voyage dans l’espace qui sera détourné pour aller sur mars au lieu de la lune initialement prévue. Je n’ai pas vraiment accroché à ce texte assez embrouillé et pas très intéressant.
•Intervention forcée en milieu crépusculaire de Fabrice Colin : le mode de narration est assez étrange, avec un narrateur qui parle à un personnage directement. L’immersion dans la nouvelle est assez difficile.
• Le gouffre aux chimères de Serge Lehman : ce texte parle de la physique quantique au sein d’une expérience, mais ce n’est pas très clair et on a du mal à se situer par moment sur ce qui se passe.
• The incredible dream machine de Jacques Barbéri : cette nouvelle donne son titre au recueil, une machine permet de revivre certains moments présents dans nos rêves et de changer son passé. Le sujet est prometteur mais c’est un peu alambiqué par moment.
Cette anthologie consacrée à Jules Verne, un des piliers de la littérature de science fiction, lui rend hommage de diverses manières et permet de mieux connaître la vie de l’auteur ainsi que certains de ces romans moins connus. L’intertextualité et les références littéraires y sont nombreuses et souvent utilisées avec brio. Bien entendu, comme souvent dans une anthologie, tous les textes ne se valent pas et certains sortent du lot. On peut regretter que certains thèmes et personnages soient utilisés plusieurs fois dans le recueil. Peut-être qu’il y a un peu trop de nouvelles également. Cependant, certains textes, comme ceux de Xavier Mauméjean, d’Ugo Bellagamba, de Pierre Pevel ou encore de Richard Canal sont de vrais régals et rendent ce livre très plaisant.
Note:7.5/10
Célindanaé
Cette chronique fait partie du challenge francofou et du challenge littérature de l’imaginaire.


Pour l’instant, je suis toujours sur une indigestion de recueil de nouvelles. Je crois que je vais attendre quelques temps avant de regoûter à la chose.
Merci toutefois pour ta chronique.
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Je peux comprendre surtout qu’il y en a beaucoup dans cette anthologie Ce que je fais c’est que je lis autre chose en même temps et de temps en temps des nouvelles
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Oui, c’est la technique que je vais désormais employer.
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On nous l’avait présenté lors d’un club lecture et je l’avais noté moi aussi surtout pour la nouvelle de Pevel ^^ Ta critique donne envie en tout cas : il ne va pas tarder à rejoindre ma PAL 😉
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J’espère qu’il te plaira :). La nouvelle de Pevel te plaira certainement.
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[…] La machine à remonter les rêves anthologie […]
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